Cent-dix oncologues dénoncent le prix des médicaments anticancer

Publié le 17/03/2016
Une première, cent-dix oncologues ont signé une tribune dans Le Figaro. Ils dénoncent « le coût exhorbitant » des médicaments anticancéreux, et demandent l’instauration d’un juste prix.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Le coût des médicaments innovants ne serait pas justifié par les investissements en recherche et développement, selon 110 cancérologues qui ont publié une tribune le 15 mars, avec entre autres Dominique Maraninchi, l’ancien DG de l’Inca, et Jean-Paul Vernant. Selon eux, « de façon paradoxale, les prix des nouveaux produits explosent alors que le coût de leur R&D a diminué ». Plus précisément, les prix des nouveaux traitements du cancer seraient déterminés par l'idée que les industriels se font de ce que les marchés sont capables de supporter. Ils tirent sur la sonnette d’alarme : « Des menaces réelles pèsent sur l'équité d'accès des patients aux traitements innovants des cancers. »

Dépenses versus économies

Le Leem temporise ce point de vue. Selon les industries du médicament, la question du coût de l’innovation déjà soulevée par les associations de patients est légitime. Toutefois, le coût des traitements doit être mis en perspective avec l’apport thérapeutique majeur que ceux-ci représentent. L’industrie pharmaceutique met en regard le coût avec les économies réalisées par l’amélioration de la prise en charge et de la survie. À titre d’exemple, rien que pour le cancer de la prostate, 400 millions d’euros d’économie seraient attendus dans les dix ans à venir.

France versus États-Unis

Le Leem rappelle que la comparaison entre les deux systèmes de prix (français et américain) n’est pas pertinente. Le premier est très réglementé, le second est libre. Enfin, la grosse part des médicaments remboursés en France ne cesse de baisser depuis quatre ans. Dans la LFSS, le médicament représente près de la moitié des dépenses réalisées par l’assurance maladie, et seulement 15 % des dépenses totales.

Transparence

Les cancérologues ont formulé d’autres propositions. Ils exigent plus de transparence dans le système d’arbitrage des prix, en y incluant l’avis des représentants des patients et des professionnels. Ils demandent également un retour sur investissement raisonnable de la part de l’industrie. Enfin, ils préconisent l’utilisation de licences obligatoires pour les pays en développement, comme cela se pratique déjà pour le traitement du Sida.


Source : lequotidiendumedecin.fr