Face à la pénurie de médecins, la Chine mise sur l'intelligence artificielle

Publié le 22/09/2018
Intelligence artificielle

Intelligence artificielle
Crédit photo : SPL/PHANIE

Avec 12 millions de professionnels de santé pour près de 1,4 milliard d'habitants, la Chine connaît, elle aussi, une pénurie de médecins. Pour l'affronter, des entreprises technologiques de l'Empire du milieu misent sur l'intelligence artificielle (IA) et le « big data ». La Chine espère ainsi prendre la tête des technologies de pointe dans le domaine médical.

Lors de l'Exposition mondiale sur l'intelligence artificielle qui vient de s'achever à Shanghai, un appareil de l'entreprise « Ping An Good Doctor » était l'une des attractions. Il s'agissait d'un gros bracelet métallique posé sur une table, dans lequel un patient glisse son poignet. Deux minutes plus tard, il reçoit sur son smartphone une analyse médicale complète établie à partir de ses battements de cœur. Et ce sans la présence du moindre médecin.

Cotée à Hong Kong, la société est, avec 228 millions d'inscrits, l'une des plus importantes plateformes chinoises de soins médicaux en ligne. Elle dit recevoir quotidiennement 500 000 demandes de consultation.

Diagnostic express

Les patients entrent ensuite leurs données personnelles et antécédents médicaux dans l'application mobile de l'entreprise. Ils décrivent également leurs symptômes. Sur cette base, l'intelligence artificielle émet un diagnostic, qui est transmis à un praticien en chair et en os.

Ce dernier gagne du temps : il n'a plus qu'à vérifier et valider la pré-analyse réalisée par le système et à rédiger au besoin une ordonnance numérique. Les malades n'ont ainsi plus à se déplacer jusqu'à un cabinet médical.

« Cela peut sans aucun doute aider à résoudre le problème de la pénurie de médecins. L'intelligence artificielle peut les décharger des gestes banals, simples et répétitifs, souligne Liu Kang, ex-médecin du prestigieux hôpital Xiehe à Pékin. « Mais la Chine est encore dans une phase de rattrapage dans ce domaine ».

Aux États-Unis et dans l'Union européenne (UE), start-up et chercheurs sont depuis longtemps lancés dans la conception de technologies consacrées aux problématiques de santé. La Chine s'en inspire et conçoit elle aussi des dispositifs avec l'aide de l'intelligence artificielle et du « big data » : aide au diagnostic, mais aussi interventions chirurgicales réalisées avec des robots, ou encore assistance à la conception de nouveaux médicaments (pour réaliser par exemple des modélisations de molécules).

« Besoin d'un vrai docteur »

Les bons médecins ne sont pas assez nombreux en Chine et sont surtout concentrés dans les grandes villes. Ainsi, les 10 % d'hôpitaux chinois considérés comme de haut niveau doivent traiter la moitié des patients du pays, selon un rapport de 2017 du Centre étatique d'information, un centre de réflexion affilié au gouvernement.

Le « big data » et l'intelligence artificielle permettent aux patients des petites villes d'avoir accès à des services médicaux se rapprochant de ceux des grandes métropoles.

Concrètement, des appareils ou des systèmes aident par exemple les médecins moins qualifiés à analyser et interpréter tout seuls des radiographies, des IRM, des pulsations cardiaques ou encore des symptômes.

« Nous imitons et reproduisons les techniques des médecins qualifiés, ceux des meilleurs hôpitaux, et nous les diffusons dans les localités plus petites », explique Fang Qu, directeur technique de Proxima, une entreprise spécialisée dans les diagnostics d'imagerie médicale.

Reste à convaincre les patients de l'intérêt de cette révolution. Qu Jianguo, un chinois ayant testé un l'appareil de prise de pouls, reste sceptique. « Ce n'est pas encore pareil qu'avec un médecin. Et puis je ne comprends pas vraiment les résultats », explique-t-il. « J'ai toujours besoin d'un vrai docteur en face de moi ».

Avec AFP


Source : lequotidiendumedecin.fr