Face aux inégalités « d'accès aux soins » grandissantes sur le territoire français, il y a urgence à réguler l'installation des jeunes médecins, estime Fabien Tastet, président de l’Association des hauts fonctionnaires territoriaux, dans une tribune publiée dans le Monde ce mercredi 18 janvier.
Dans la tribune, le haut fonctionnaire rappelle que « la densité moyenne des médecins généralistes (en France, ndlr) est de 150 pour 100 000 habitants, oscillant entre 266 généralistes pour 100 000 habitants dans les Hautes-Alpes, où elle est la plus élevée, à moins de 100 médecins pour 100 000 habitants dans l’Eure, la Seine-et-Marne et l’Eure-et-Loir, départements où elle est la plus faible sur le territoire métropolitain ».
La régulation : « seule solution de bon sens »
« Au-delà des chiffres, l’écart entre le sentiment légitime d’urgence des personnes vivant dans un désert médical et le temps long des mesures proposées marque une forme d’humiliant déclassement et alimente les thèses de l’impuissance publique », soutient Fabien Tastet.
Rappelant que les hauts fonctionnaires territoriaux alertent depuis 2017 sur le « caractère insupportables des inégalités (d'accès aux soins) subies » par la population, le signataire de la tribune fustige les choix des pouvoirs publics qui « ont préféré jusqu’à présent des mesures à combustion lentes (...) ou inefficaces ».
Fabien Tastet prend notamment pour exemple la révision du numerus clausus ou encore le soutien aux maisons de santé, « qui (a) aboutit à mettre en concurrence les territoires ».
La « seule décision de bon sens », d'après lui, est d'« imposer la primo implantation des nouveaux médecins dans les déserts médicaux ».
Une mesure appliquée dans d'autres pays et pour d'autres professions
De façon rhétorique, le haut fonctionnaire interroge : Est-ce une « incongruité ? »
« Elle se pratique (bien) à l’étranger, comme au Canada, et même en France pour certaines spécialités comme les sages-femmes, les infirmiers, ou encore les kinésithérapeutes » répond-il.
Une « atteinte aux libertés fondamentales qui régissent cette profession, comme la liberté d’installation ?, questionne-t-il de nouveau. C’est oublier que la formation comme l’activité des médecins généralistes relève d’un financement socialisé et, qu’à ce titre, demander aux jeunes médecins de s’installer pour cinq ans là où la population a besoin d’eux n’a rien de scandaleux », rétorque-t-il.
Se basant sur le baromètre Ipsos/AATF, le haut fonctionnaire rappelle par ailleurs que « 91 % des Français sont favorables à l’installation obligatoire des nouveaux médecins dans les déserts médicaux ».
Un « brin » provocateur le haut fonctionnaire finit par conclure :
« Il y a quelques semaines, plusieurs médecins réclamaient un changement profond dans l’organisation de l’hôpital et dénonçaient le rôle qu’y exercent les hauts fonctionnaires chargés de la conduite de ces établissements. Pourtant, force est de constater que la haute fonction publique, elle, se reforme depuis 2021 et l’annonce par le président de la République de profondes mutations dans ses modes de recrutement, de formation et de déroulement de carrière. Sortir du conservatisme, voilà un exemple à suivre pour les médecins ! »
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