Télémédecine

La téléconsultation ne profite pas forcément aux patients des zones sous-denses

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Publié le 08/12/2022
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La Drees publie une enquête sur le profil des médecins et patients qui ont utilisé la téléconsultation en 2020 et 2021. Ils sont plutôt jeunes et urbains et le dispositif n'est pas davantage développé dans les zones à faible densité médicale.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Pendant la crise sanitaire, l’usage de la téléconsultation par les généralistes s’est fortement développé. En 2020, les généralistes libéraux ont ainsi réalisé 13,5 millions de consultations à distance et 9,4 millions en 2021. La Drees s’est intéressée au profil des médecins et des patients qui en ont fait l’usage sur ces deux années.

Même si tous les médecins n’ont pas conservé cette pratique à l’issue de la pandémie, 77 % des médecins interrogés indiquent début 2022 avoir déjà réalisé des téléconsultations. En 2019, seulement 80 000 téléconsultations avaient été réalisées sur l’année alors qu’en 2020 les téléconsultations ont représenté 5,7 % de l’activité des généralistes libéraux et 3,7 % en 2021. (voir tableau)

« Par ailleurs, de nombreuses téléconsultations ont aussi été réalisées par des médecins généralistes salariés de centres de santé, en progression sur les deux années : 600 000 en 2020 et 1,1 million en 2021 », soulignent les auteurs de l’étude.

Après l’effet crise sanitaire, si les téléconsultations « sont devenues une composante non négligeable de l’activité médicale », elles sont plus rares. « Elles sont en particulier redevenues moins nombreuses que les visites à domicile depuis la fin du premier confinement », note la Drees.

Des médecins jeunes et urbains

Côté profil des médecins qui l’intègrent à leur pratique, la téléconsultation est davantage utilisée par les femmes (4,5 % de leur activité en 2021 contre 3,3 % pour les hommes), par les jeunes (4,8 % chez les moins de 40 ans contre 2,5 % chez les 65 ans ou plus) et pour les médecins installés dans les territoires les plus urbains.

« En Île-de-France, 7,8 % de l’activité des médecins généralistes libéraux correspond à des consultations à distance en 2021 (12 % à Paris et 7,2 % dans les banlieues du pôle urbain de Paris), contre 2,2 % dans les territoires ruraux hors outre-mer », détaille la Drees.

Les médecins qui exercent en groupe sont aussi plus nombreux à déclarer avoir déjà donné des consultations à distance (85 %) que ceux qui exercent seuls (59 %).

Téléconsulter à côté de chez soi

En revanche, même si beaucoup présentent la téléconsultation comme une des solutions aux problèmes de démographie médicale, l’étude de la Drees montre que la densité médicale dans le territoire d’exercice ne semble pas corrélée avec l’usage de la téléconsultation.

« Même si la possibilité technique de consulter un médecin éloigné de leur domicile pourrait a priori accroître l’offre de soins de premier recours pour les patients résidant en zone peu dotée en médecins généralistes, les consultations à distance n’ont pas beaucoup plus concerné les patients de ces territoires », soulignent ainsi les auteurs.

Ainsi la part des téléconsultations et des consultations en cabinet sont très proches entre les zones les mieux dotées et les moins bien dotées. 23,3 % des téléconsultations sont faites avec les 20 % de la population les mieux dotés en médecins généralistes (23,4 % des consultations), tandis que 17,9 % sont réalisées avec les 20 % les moins bien dotés (17,2 % des consultations).

Par ailleurs, même si cela pourrait être lié aux règles de remboursement de la téléconsultation, la plupart d’entre elles sont pratiquées dans la commune de résidence du patient (44,6 %) soit à peine moins que pour les consultations au cabinet (49,6 %) et 69,1 % se font avec le médecin traitant.

Concernant le profil des patients qui font appel à la téléconsultation. Il s’agit plus souvent de femmes (61,8 % des téléconsultations contre 56,6 % des consultations). Ils sont également plus jeunes avec 45,2 % pour des patients entre 15 et 44 ans (contre 28,7 % des consultations). En revanche le dispositif est moins utilisé par les patients les plus précaires. « Cette différence est particulièrement importante pour les patients âgés de 15 à 44 ans », précise la Drees. Ainsi, 11,8 % des consultations à distance réalisées avec ces derniers concernent un bénéficiaire de la complémentaire santé solidaire, contre 18,8 % de celles en cabinet.

Ce sont aussi davantage les habitants des grands pôles urbains qui y ont recours. 69,4 % des téléconsultations sont réalisées pour des patients vivant dans les villes-centres ou les banlieues des grands pôles, où réside 56,9 % de la population. Les consultations à distance sont aussi plus nombreuses dans l’aire urbaine de Paris avec 27 % des téléconsultations de 2021 pour les patients de ces territoires qui rassemblent 17,7 % de la population.


Source : lequotidiendumedecin.fr