L’Assurance maladie lance ce mardi une nouvelle plateforme qui met à disposition de tous, les données sur la prise en charge des pathologies des Français. Cet outil permet de visualiser sous la forme d’infographies interactives, pour les années de 2015 à 2020, les données pour 57 pathologies : des pathologies au sens strict, des épisodes de soins, par exemple la maternité, ou des hospitalisations sans lien avec une pathologie, par exemple une prothèse de hanche et des traitements, par exemple la prise de psychotropes.
Cette lecture par pathologie permet de connaître pour chacune des entrées : les effectifs, la prévalence et l’incidence. Il est également possible de faire des recherches et comparaisons par territoires avec une vision nationale, régionale et départementale et de sélectionner des critères d’âge, de sexe… Le site data.ameli.fr donne aussi une vision du coût des pathologies avec les dépenses totales par pathologies mais aussi en moyenne par patients remboursés, la nature des dépenses en ville ou à l’hôpital etc. Les données étant disponibles de 2015 à 2020, elles permettent d’avoir « une photographie annuelle mais aussi une vision dynamique à cinq ans », explique l’assurance maladie.
Ces données seront actualisées une fois par an. Elles remontent des caisses primaires et sont ensuite pseudonymisées pour en garantir la confidentialité. L’Assurance maladie s’appuie sur les données de tous les régimes, assises sur la tarification. Tout n’est donc pas traçable, par exemple pour toutes les consultations de soins courants, la tarification ne permet pas forcément de lire le motif de prise en charge. Pour l’année 2020, ce sont par exemple les données de 66,3 millions de personnes qui ont été agrégées pour un montant global de dépenses de 168 milliards d’euros.
Deux tiers des dépenses sur les pathologies chroniques
Ces chiffres permettent de dégager des enseignements et grandes tendances. L’analyse pour l’année 2020 montre par exemple que l’essentiel des dépenses, aux deux tiers (104 milliards d’euros), est concentré sur les pathologies chroniques. Elles concernent un tiers des assurés, soit 24 millions de personnes, soit en moyenne 4 300 euros par personne sur l’année.
Ce sont les dépenses dans le champ de la santé mentale qui sont les plus importantes avec 23,3 milliards d’euros pour 8,4 millions de personnes (2 800 euros par personne).
Celles liées à la prise en charge des cancers s’élèvent pour 2020 à 21,2 milliards d’euros pour 3,4 millions de personnes (6 100 euros par personne). Sur les cancers, l’évolution à cinq ans reflète notamment la hausse des coûts des traitements avec l’apparition d’innovation thérapeutique. Pour les cancers en phase active, la hausse du coût moyen est de 18,2 % sur cinq ans et de 3,4 % en moyenne annuelle. Si l’on prend le cancer du poumon, avec l’arrivée de l’immunothérapie le coût moyen a augmenté de 50 % et il est passé de 16 900 euros par patient à 25 300 euros.
La dynamique révèle aussi les changements dans les prises en charge. Du fait de la progression des chimiothérapies orales, on constate un déplacement des dépenses entre la ville et l’hôpital pour les cancers actifs. Les soins de ville et consultations externes ont augmenté de 12,9 % soit 281 euros par patient, dans le même temps les dépenses à l’hôpital ont diminué de 4,5 % en cinq ans.
Pour les autres pathologies dont la dépense augmente tendanciellement, cette évolution est en revanche portée par la hausse des effectifs. C’est le cas pour le diabète avec 440 000 personnes en plus en cinq ans et une hausse de 2,3 % par an et les maladies cardiovasculaires avec 540 000 personnes en plus, soit une augmentation de 2,2 % par an.
Globalement, la dépense totale a augmenté de 2 % par an, soit 15,7 milliards en cinq ans malgré un ralentissement en 2020 du fait de la crise sanitaire et de l’impact du premier confinement sur la consommation de soins.
L'impact du Covid
Les chiffres de l’année 2020 permettent également de voir l’impact sur l’épidémie de Covid-19 sur le système de santé. On peut ainsi mesurer l’impact des deux premiers confinements avec des dépenses santé qui ont progressé moins vite que les années précédentes (+0,7 %). Les déprogrammations chirurgicales s’observent à travers le recul des hospitalisations ponctuelles avec 1,2 million de patients en moins (-12 %). Les données permettent aussi de constater les retards pris sur certains actes et dépistages. Pour certaines pathologies comme les maladies cardioneurovasculaires ou les cancers, on observe un recul du nombre de patients pris en charge. Par exemple l’incidence du cancer du poumon diminue de 1 %, 5,1 % pour le cancer colorectal ou 3 % pour celui du sein. À l’inverse, la prise de psychotropes a concerné 127 330 nouveaux patients (+9 %) et les dépenses totales ont augmenté de 6,2 % dans ce domaine, ce qui confirme l’impact de la crise sanitaire sur la Santé mentale en France.
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