Objets connectés, encore un manque de confiance avéré des médecins

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Publié le 10/04/2017
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Les médecins utilisent encore peu les objets connectés dans leur pratique professionnelle. Et sont plus friands d’applications mobiles. Leurs réticences viennent de leurs craintes portant sur la confidentialité des données. Sondage.

Seuls 15 % des médecins sondés utilisent un objet connecté (Iot*), et essentiellement à usage personnel, selon une étude réalisée auprès de 1 037 médecins sociétaires en 2016 et publiée le 1er février 2017 conjointement par la mutuelle MACSF et Withings, une société française d’objets connectés pour la santé. De manière générale, les sondés intègrent plus largement les applications mobiles (deux tiers d’entre eux) que les Iot dans leur pratique. Quelles informations recherchent-ils dans ce cadre ? 33 % d’entre eux consultent des encyclopédies médicales, 21 % cherchent une aide au diagnostic et 37 % une aide au traitement. Dans la même optique, les données qui sont recueillies avec des Iot (parmi les médecins les utilisant) servent au diagnostic (43 %), au suivi à distance (31 %), à la prévention primaire (27 %) et à la prévention secondaire (25 %). Pour autant, ils ne sont que 9 % du total à conseiller l’utilisation de Iot à leurs patients. Parmi les objets conseillés par les médecins utilisateurs, la moitié (51 %) « prescrit » les glucomètres à leurs patients diabétiques, 39 % des tensiomètres à leurs patients hypertendus et 36 % les traqueurs d’activité. Seuls 11 % conseillent les ECG.

 

Informer le patient

Les sondés sont encore moins nombreux à conseiller des applis de santé mobile (7 %). Leur objectif dans ce cas est d’informer le patient (62 %), changer ses habitudes (50 %), le suivre à distance (23 %), collecter des données pour un diagnostic ultérieur (21 %) ou même faire de la recherche médicale (7 %).

 

Pas une aide au diagnostic

Qu’attendent les médecins de l’impact des Iot sur le long terme ? 40 % d’entre eux pensent qu’ils permettront de réduire le nombre d’hospitalisations. Mais ils demeurent très sceptiques (27 % seulement) sur le fait que ces objets pourraient servir à réaliser des diagnostics plus simples. Toutefois, selon 81 % d’entre eux, ces Iot ont un rôle d’éducation thérapeutique dans la mesure où ils aident les patients à s’impliquer davantage dans le traitement et le suivi de leur maladie. Plus de deux tiers d’entre eux pensent même qu’elles incitent les patients à changer leur hygiène de vie. De manière générale, selon près de trois médecins sur quatre (58 %), ces objets contribuent à améliorer la prévention. Pour 52 %, ils permettent de repérer plus rapidement les épidémies, d’identifier de nouveaux facteurs de risque (59 %). La recherche médicale est même accélérée pour 49 % d’entre eux. Selon 47% d’entre eux, les Iot représentent un bon outil pour la prédiction médicale personnalisée.

 

Crainte sur la confidentialité des données

La question sensible porte sur la confidentialité des données. Les sondés craignent une menace sur le secret médical (40 %), un flou sur la responsabilité (34 %) et préfèrent (31 %) un contact direct avec le patient. Selon eux, seul le patient (88 %) ou le professionnel de santé (79 %) doit être autorisé à consulter les données issues des Iot. Un tiers d’entre eux refuse même d’engager leur responsabilité en cas d’utilisation frauduleuse de données. Et rejettent cette responsabilité sur l’hébergeur de données de santé (56 %) ou le fournisseur d’objets connectés (34 %) ou même le patient (26 %). Comme dans le livre blanc sur la santé connectée publiée par le conseil de l’ordre des médecins en 2015, la sécurité reste un sujet préoccupant, notamment pour les diagnostics portés à distance, possiblement sujets à plus d’erreurs. Ce qui montre que pour les médecins, la sécurité passe avant une réorganisation des soins ou des financements.


Source : lequotidiendumedecin.fr