Numérique en santé

Ordonnance numérique : d'ici 2024, 40 000 médecins devront l'avoir expérimentée

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Publié le 17/05/2023
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Le ministère de la Santé et de la Prévention a présenté, ce mercredi 17 mai, la nouvelle feuille de route du numérique en santé (2023-2027). Pas moins de 65 objectifs sont détaillés dans cette nouvelle stratégie qui comporte, au total, quatre axes prioritaires. L'un de ces axes est de redonner du temps aux professionnels de santé avec par exemple l'intégration de Mon espace Santé aux logiciels métiers des médecins de ville.

Crédit photo : GARO/PHANIE

« Mettre le numérique au service de la santé », telle est l'ambition affichée par Ségur dans sa nouvelle feuille de route du numérique en santé (2023-2027), dévoilée, ce mercredi 17 mai, par le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun.

Lors d'un discours tenu devant les acteurs du secteur réunis pour l'occasion, l'ancien président de SAMU-Urgences de France a déclaré : « La révolution que nous devons désormais réussir (...), c’est celui de la systématisation et de la démocratisation des usages du numérique en santé, pour qu’il entre et se fasse une place dans le quotidien de nos concitoyens et des professionnels ».

Montée en charge de Mon espace santé

Pour y parvenir, la stratégie gouvernementale intègre 65 objectifs et 18 priorités qui s'articulent, elles-mêmes, autour de quatre axes.

Le point central de cette stratégie se base principalement sur une montée en charge progressive de Mon espace santé (MES). Ce carnet de santé numérique lancé en janvier 2022, et désormais installé chez 65 millions d'assurés, est la figure de proue de la stratégie gouvernementale qui souhaite voir son usage se développer très largement du côté des usagers comme des professionnels de santé.

D'ici fin 2023, le gouvernement prévoit ainsi d'atteindre « un rythme de 250 millions de documents de santé par an alimentés dans Mon espace santé ». Aujourd'hui, ce sont « déjà plus de 10 millions de documents » qui sont ajoutés chaque mois.

Un outil de prévention

Pour faire de Mon espace santé un véritable carnet numérique de santé, le ministère souhaite, dès 2023, que soient intégrés dans cet espace « les rappels.des examens obligatoires et les conseils sur la santé de l’enfant ». D'ici 2025, ce sont les comptes rendus et les certificats de santé qui seront intégrés, d'après les prévisions de Ségur.

Pour faire de cet espace un outil de prévention poussé, cette dimension étant le premier axe de la feuille de route, le gouvernement souhaite aussi activer l'envoi de messages personnalisés (vaccinations, réalisation de bilans, etc.) « pour renforcer l’incitation à agir des personnes ».

« Il s’agit de définir quel message peut être envoyé à la personne en fonction de quel critère (âge, sexe, pathologie déclarée, etc.), par quel moyen (notification, messagerie, etc.) et à quel rythme », peut-on lire dans un communiqué du ministère.

Pour accompagner les 13 millions de Français éloignés du numérique dans l'usage de ces nouvelles solutions numériques, 10 000 médiateurs au numérique en santé seront formés d'ici 2026, a annoncé le ministère.

Ordonnance dématérialisée courant mai

L'envoi d'ordonnance dématérialisée (dotée d'un QR code) entre médecin et pharmacien, via la messagerie sécurisée de Mon Espace Santé, sera par ailleurs possible dès le mois de mai, a annoncé François Braun ce 17 mai. Avec ce nouveau système visant à sécuriser le traitement des ordonnances, « l'idée est d'éradiquer les boîtes mails non sécurisées », appuie le cabinet du ministre.

Annoncée en novembre dernier par l'Assurance maladie, la généralisation des ordonnances dématérialisées a toutefois pris du retard. Ce dispositif devait, en effet, être mis sur les rails dès le 28 avril 2023.

Dans sa feuille de route, le ministère n'allège pas pour autant ses ambitions et maintient le cap avec un objectif de 40 000 médecins ayant expérimenté au moins une fois cette nouvelle ordonnance numérique d'ici 2024.

Redonner du temps aux soignants et les former

Mais François Braun l'assure : « le numérique ne doit pas être une tâche supplémentaire qui plombe des journées déjà trop remplies, mais un outil pour, justement, se décharger de nombreux actes administratifs chronophages, et fluidifier les procédures ».

Pour concrétiser cette volonté, le ministre promet de « renforcer l'interopérabilité des différentes solutions numériques et intégrer directement Mon Espace Santé aux logiciels métier en ville et en établissement ».

Ces logiciels dits « Ségur » feront par ailleurs l'objet, dès 2023, d'un mécanisme visant à mesurer « la satisfaction des professionnels de santé, notamment libéraux, vis-à-vis de leur logiciel métier ».

Dans la continuité de ce qui avait été annoncé, la feuille de route prévoit d'ouvrir, dès mi-2024, « l'accès via Pro Santé Connect au DMP, à l’INS et à l’ordonnance numérique puis après 2024 aux feuilles de soins électroniques » afin de proposer aux professionnels un accès simplifié à « tous les services numériques, et notamment aux téléservices de l’Assurance Maladie ».

Enfin, d'ici 2027, une formation au numérique en santé sera rendue obligatoire aux 500 000 élèves « des formations initiales du sanitaire, du social et du médico-social ».

Favoriser l'accès aux soins

Estimant que la e-santé représente un « outil concret » pour l'accès aux soins, dans les « zones plus isolées ou moins denses », François Braun a fait part de sa volonté de développer la télésanté dans un cadre « régulé et éthique ».

Ainsi, d'ici fin 2023, un référentiel d’exigences applicables aux solutions de téléconsultation sera publié. « Il intégrera des éléments importants sur l’éthique de la téléconsultation et sera accompagné d’un référentiel de bonnes pratiques produit par la HAS », peut-on lire.

Un des objectifs affiché du gouvernement est d'atteindre, d'ici 2025, le chiffre d'un million « de patients atteints d’une pathologie chronique qui bénéficient au moins d’un acte de télésanté dans leur parcours ».

La généralisation de la plateforme numérique du Service d’accès aux soins (SAS) « à au moins 90 % des départements d’ici fin 2023 » permettra « d'adresser au mieux les soins non programmés, et ainsi soulager nos services d’urgences en tension », a estimé le ministre.

Enfin, la feuille de route prévoit de déployer une vigilance accrue sur les cyberattaques.

« Pour mieux armer les établissements, je veux qu’ils consacrent, au plus tard en 2027, en moyenne au moins 2 % de leur budget au numérique dont 10 % sur la cybersécurité, et que des exercices de crise cyber soient réalisés, au moins une fois par an », a fini par annoncer François Braun.

La DNS devient une entité administrative à part entière !

Un décret, publié au Journal Officiel mardi 16 mai, acte « le rôle de la Délégation ministérielle au numérique en santé (DNS) comme une entité administrative à part entière des services du ministère de la Santé et de la prévention », a déclaré François Braun lors de son discours. « Cela montre l'importance prioritaire que nous accordons à ces sujets », s'est-il félicité. 


Source : lequotidiendumedecin.fr