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Pr Nordlinger : « Ce n'est pas naturel de donner ses données »

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Publié le 16/05/2019
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Crédit photo : arnaud janin

Quel est le point commun entre l'agriculture et la santé ? Réponse, la donnée. « Il y a une prise de conscience avec un foisonnement d'acteurs qui s'engagent dans le numérique dans le monde agricole et l'agroalimentaire. L'acculturation se fait progressivement et de façon massive avec la naissance de start-up dédiées. La France agricole est complètement dans la modernité numérique. », explique Marie-Cécile Damave, responsable innovations et marchés du think tank agridées.

Tous les secteurs économiques tentent de s'en saisir, mais la culture de la donnée n'est pas assez connue ni par le grand public ni par les professionnels. En amont, l'agriculture de précision via le numérique et les algorithmes, comme pour la santé, permet de gérer les risques et les aléas sanitaires, économiques. « Ces outils numériques permettent de passer du stade de la déclaration à celui de l'enregistrement systématique et continu en temps réel, et de fournir des outils de réassurance à un consommateur sur son alimentation », précise Marie-Cécile Damave. Son think tank a participé à l'élaboration du livre Tous acteurs de données, appréhender les données pour mieux les valoriser, présenté le mardi 14 mai par Syntec numérique et Renaissance numérique.

Pour sa part, le Pr Simon Nordlinger (Académie de médecine) qui a publié avec Cédric Villani l'ouvrage Santé et intelligence artificielle paru en octobre 2018, raconte comment il est interpellé régulièrement par ses collègues étrangers : « Nous produisons de la donnée, et vous Européens vous produisez du règlement. » Et pourtant, commente-t-il, le RGPD permet bien de protéger ses données personnelles et de santé. Car tout est basé sur la confiance. C'est le moteur premier, insiste le Pr Nordlinger. Matérialisé par la création du Health Data Hub, le partage des données « représente un progrès indéniable ». Quels sont les critères déterminants pour intégrer le grand entrepôt national de données, le Health Data Hub. Pour partager les données dans ce cadre, chaque acteur peut utiliser les données, mais il est dans l'obligation de donner les siennes. « Les grands hôpitaux qui ont refusé d'accepter ces règles ont été écartés du projet. Ce n'est pas naturel dans l'esprit humain de donner ses données », précise le Pr Nordlinger. L'intelligence artificielle impacte tous les champs médicaux, radiologie, anapath, et même psychiatrie. Concernant l'industrie du médicament, avec les analyses de cohortes, les essais cliniques internationaux sont de plus en plus difficiles à réaliser. Mais avec les analyses de cohorte, on arrivera à raccourcir les délais de mise au point des médicaments, et donc leurs coûts de fabrication, espère le Pr Nordlinger.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr