Sanofi/Google, le diabète à l’ère du big data

Publié le 03/09/2015
L’accord signé entre le leader français et la filiale santé du moteur de recherche ouvre certes une nouvelle ère dans le secteur de la santé. Pour autant, les fruits attendus de cette collaboration sont à ce stade encore imprécis. Analyse.
La recherche pharmaceutique serait entrée dans le monde 3.0. L’accord annoncé le 31 aout dernier entre Sanofi et Google confirme l’accélération des coopérations entre géants de l’internet et big pharma. L’enjeu est d’accélérer la recherche autour du diabète, pathologie chronique qui frappe près de 400 millions de patients dans le monde. C’est par ailleurs une maladie stratégique qui génère 20 % du chiffre d’affaires du leader français. Toutefois, ses revenus sont menacés par la perte de brevet sur le Lantus®, insuline la plus vendue dans le monde. Dans le même temps, Novo Nordisk laboratoire danois spécialisé dans cette maladie ne cesse de conforter ses positions.

ETP

Dans ce contexte concurrentiel, Sanofi se devait de réagir. Le diabète offre à cet égard un terrain unique d’expérimentations. En effet, cette pathologie exige un suivi réalisé par le patient. D’où la nécessité d’accompagner son autonomie. Ce qui a permis dans les années 90 l’essor d’une nouvelle discipline, l’éducation thérapeutique reconnue dans la loi HPST par exemple. Aujourd’hui, la prise en charge génère un nombre considérable de données. Comment les analyser ? En retirer des informations qui renforcent la pertinence du traitement ? Dès 2011, sanofi s’était lancé dans cette course à l’innovation avec le lancement de l’iBGStar, le premier lecteur de glycémie connecté à l’Iphone ® et l’Ipad d’Apple. Ce dispositif enregistrait les résultats pour les transmettre en direct au diabétologue. Aujourd’hui, le développement des objets connectés multiplie le nombre de données disponibles mais aussi le champ des compétences. « Nous devons nous allier avec des partenaires qui ont des compétences dans d’autres domaines que nous comme Google dans la technologie, la miniaturisation, la connectivité, l’analyse de données », reconnaît Pascale Witz, vice-présidente exécutive à la tête de la nouvelle entité mondiale « diabète et cardio-vasculaire » dans le quotidien Les Echos du 1er septembre 2015.

Plateforme

Pour autant, Google Life Sciences réfute l’idée de se transformer en laboratoire pharmaceutique. La filiale du moteur de recherches a pourtant engrangé des premiers résultats. On peut citer la mise au point de lentilles de contact dotées de capteurs avec Alcon. Quel est alors le périmètre de l’accord conclu avec Sanofi ? En premier lieu, une plate-forme devrait être mise en place entre les deux partenaires. Les informations collectées seront par ailleurs accessibles aux médecins et patients. A terme, l’idée est de proposer bien sûr de nouveaux outils. A ce jour, le flou toutefois persiste sur le périmètre de l’accord. Est-il conçu pour mieux contrôler le diabète ? Ou doit-il générer la mise sur le marché de nouveaux traitements ? Dans ce cas, Google Life Sciences a-t-il vocation à se transformer en incubateur de médicaments innovants ? A ce stade, toutes les interrogations sont loin d’être levées, notamment sur les résultats attendus. Surtout on ne peut prédire comment les big data autour du diabète sont appelés à transformer la prise en charge. Au-delà de l’effet d’annonce, la révolution en santé, en dehors du diagnostic, devra peut-être emprunter d’autres chemins.

Source : lequotidiendumedecin.fr