Entretien avec Catherine Coutard, médecin urgentiste LFI*

« L'hôpital public est toujours sous la menace de la logique néolibérale »

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Publié le 09/05/2019

L’avenir de l’Europe mobilisera-t-il les électeurs français ? Pas si sûr, si l’on en croit les premiers échos de campagne. Raison supplémentaire pour donner la parole aux représentants santé des principales listes.

Catherine Coutard

Catherine Coutard

Que peut-on attendre de l'Europe en matière de santé ?

L'Union européenne ne dispose pas de compétences directes dans le domaine de la santé. Pour autant, la santé ne se réduit pas à l'accès aux soins. Elle inclut la prévention à travers la qualité de l’alimentation, de l'air que l'on respire, des conditions de travail, sujets sur lesquels la Commission européenne pèse. C'est par ailleurs la politique néolibérale qui inspire les budgets d'austérité sur les services publics. L'impact se traduit sur nos systèmes de protection sociale par une réduction des moyens et de soignants et donc une menace sur la qualité des soins. Car par essence, dans le secteur de la santé, rien ne peut remplacer le contact humain. La marchandisation de la santé doit être combattue. L'effet des politiques impulsées depuis Bruxelles est donc indirect, mais il est majeur sur la santé. 

La santé au niveau européen n'est-elle pas un bien commun ?

La concurrence est encouragée dans tous les secteurs, y compris l'éducation et la santé. Nous avons réussi à arracher « l’exception culturelle ». Mais l'hôpital public est toujours sous la menace de cette logique néo-libérale qui réduit les budgets au nom de l'austérité. Les grèves dans les services d'urgence en France qui dénoncent le manque de moyens illustrent comment cette idéologie se traduit en pratique. Sans parler de l’intense lobbying de l’industrie pharmaceutique auprès de la Commission pour défendre ses intérêts qui ne se confondent pas toujours avec l’intérêt général.

Avez-vous commis une erreur de jeunesse ? 

J'ai toujours été fidèle à mes engagements depuis mon entrée en politique au côté de Jean-Pierre Chevènement sou la bannière du Ceres au sein du parti socialiste. J'ai voté non au référendum de 2005 sur la constitution européenne. Le Mouvement républicain et citoyen (MRC) d'où je viens et les amis d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann ont fondé, en se rassemblant, un nouveau parti, la Gauche républicaine et socialiste. Nous convergeons avec la France insoumise en particulier sur la question européenne. C’est pourquoi nous soutenons la liste menée par Manon Aubry. Ceux qui seront élus avec elle rejoindront le groupe en voie de constitution « Maintenant le Peuple » qui regroupe notamment Podemos (Espagne), le Bloco de Esquera (Portugal) ou l'Alliance rouge-verte au Danemark. 

 

 

 

* membre de la Gauche républicaine et socialiste


Source : lequotidiendumedecin.fr