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Bioproduction, comment rattraper le retard français ?

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Publié le 15/02/2018
visuel bioproduction

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La France est-elle une start-up nation en matière de biotechs ? Le panorama brossé par AEC Partners pour le compte du Leem souligne le retard de l’Hexagone sur ses principaux concurrents mondiaux. Deux chiffres traduisent cette perte de compétitivité.

Production de médicament, France de la première à la quatrième place

Depuis 2012 seuls deux biomédicaments hors vaccins et biosimilaires ayant reçu une AMM européenne ont été produits en France. Résultat, alors que la France était encore en 2004 le premier producteur de médicaments, elle a désormais rétrogradé à la quatrième place, distancée par les Etats-Unis mais aussi par l’Allemagne, la Suisse et l’Italie. Les Etats-Unis dans ce domaine n’ont pas seulement creusé l’écart avec le reste du monde. Ils dominent la production mondiale en détenant près de 50% de parts de marché. Sur 76 substances actives biologiques, 37 sont ainsi fabriquées de l’autre côté de l’atlantique.

Bioproduction, 60 % de l'emploi du secteur pharmaceutique national

Quant à la France, la bioproduction est très dépendante de l’excellence française en matière de vaccins. Cette seule activité concentre 4 693 emplois, soit 60 % des emplois du secteur. En revanche les sites dédiés exclusivement à la production pour des tiers représente seulement 416 emplois, soit 5% du total. Or dans ce domaine de renouvellement rapide, près de 80% des produits biologiques sont développés en Europe par des biotechs donc hors big pharma. L’enjeu est donc majeur pour être un acteur de ce nouveau marché. En l’absence d’outil industriel, ces start-up ont recours à la sous-traitance. « L’avenir de la bioproduction trace l’avenir de l’innovation en France », souligne Patrick Errard, le président du Leem.

Développer une filière d'excellence

Mais comment désormais rejoindre le peloton de tête ? Au-delà des erreurs stratégiques des années 1990 et 2000 générées par l’ensemble des acteurs, l’objectif est de développer une filière d’excellence. Avec la création d’une plateforme unique, les industriels étrangers disposeraient d’une vitrine qui recense l’ensemble des services disponibles. La formation revêt une importance cruciale avec l’exemple de l’Irlande qui sert ici de modèle. Mais une fois formées, comment éviter la fuite des compétences ? Selon les experts, les deux tiers d’une promotion formée dans une filière française réputée s’exportent en Suisse… En attendant, le prochain Conseil stratégique des industries de santé programmé le 9 juillet prochain doit permettre de vérifier si le gouvernement a bien reçu le message. D’autant qu’« il n’y aura pas de cessions de rattrapage », confirme Patrick Errard.


Source : lequotidiendumedecin.fr