Crise des urgences

Brigitte Bourguignon poursuit ses consultations, sans convaincre les libéraux

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Publié le 09/06/2022
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Depuis sa prise de fonction le 20 mai au ministère de la Santé et de la Prévention, Brigitte Bourguignon reçoit les syndicats libéraux. Cette semaine, la FMF, le SML et l’UFML-S ont été conviés au 7e étage du ministère. Ils partagent leurs impressions.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

La valse se poursuit. Après avoir reçu MG France et la CSMF la première semaine de juin, la ministre de la Santé et de la Prévention a rencontré entre le 7 et le 9 juin les autres syndicats libéraux. Ces consultations interviennent quelques jours après que le Dr François Braun a été chargé d’une mission flash pour identifier, d’ici le 28 juin, des solutions opérationnelles pour stabiliser l’accès aux soins cet été. Si, au congrès Urgences, la ministre a annoncé de premières mesures essentiellement hospitalières, elle a également revendiqué l'organisation de ces rendez-vous « cruciaux de rencontre avec tous les acteurs du système de santé ».

Conviée à Ségur mardi 7 juin, le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la Fédération des médecins de France (FMF), insiste sur l’écoute de la ministre, « qui connaît son sujet ». La praticienne raconte avoir prévenu la ministre que les réquisitions pourraient amener les médecins à faire grève, affirmant qu’ils ne « peuvent pas servir de variable d’ajustement »… et Brigitte Bourguignon en est consciente, rapporte-t-elle. Autre sujet abordé : l’hôpital et son caractère non automatique, qu’il faudrait répéter à la population. « Oui, nous allons le faire », lui a promis la ministre, qui s’est émue auprès du Dr Le Sauder : « ce sont les citoyens qui nous appellent à l’aide ! »

Une demande d’investissement pour la ville

Le Dr Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), a, lui, rencontré la ministre de la Santé le lendemain. « Nous avons parlé des solutions en amont et en aval de l’hôpital pour désengorger les urgences. Et ensuite des déserts médicaux. » Quelques points ont semblé avoir l’oreille de la ministre, comme « favoriser les sorties rapides de l’hôpital grâce aux équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap) » ou l’idée d’un « contrat d’installation de trois ans dans une zone sous-dense », rapporte le stomatologue. Pragmatique, il résume : « il faut que cette fois-ci les libéraux soient aidés… qu’ils nous donnent des sous ! »

Invité à Ségur pour la première fois jeudi 9 juin 2022, le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML-S) qualifie ironiquement cette rencontre « d’historique ». L’échange avec la ministre a été l’occasion d’aborder « les urgences publiques et privées, notamment la problématique des personnes âgées qui ne peuvent pas sortir de l'hôpital en raison des problèmes d’accueil dans les Ehpad, la psychiatrie, qui lui "tient à cœur", et la formation des internes, qu’il faudrait, selon nous, contractualiser dans les CHU. » Mais pour le généraliste de Fronton (Haute-Garonne), pas de quoi s’émerveiller. « Nous savons tous qu’il n’y a pas de solution pour les mois qui viennent… et cela nous effraie », regrette-t-il, affirmant toutefois « faire confiance » au Dr François Braun.

Tous semblent attendre le 28 juin et les conclusions de la mission flash. D’ici là, Brigitte Bourguignon sera fixée sur son sort parlementaire, à l’issue des élections législatives dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais. En 2017, les abstentionnistes représentaient 50,72 % du corps électoral de la circonscription, ce qui ne l'a pas empêchée d'être élue députée sous l'étiquette En Marche (60,84 %), après l'avoir déjà été en 2012, à l'époque sous la bannière du Parti socialiste.


Source : lequotidiendumedecin.fr