éditorial

Changement ?

Publié le 22/04/2016
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jean

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Les promesses des politiques, c’est bien connu, n’engagent que ceux qui les écoutent. Pour y avoir sans doute trop prêté l’oreille en 1995, les médecins s’en sont à l’époque mordu les doigts. Ils avaient cru le candidat Chirac récusant tout plafonnement des dépenses de santé. Et on devait leur servir la soupe à la grimace du plan Juppé… Quinze ans plus tôt, François Mitterrand annonçait à ses partisans avec le même aplomb la suppression de l’Ordre et la multiplication des centres de santé intégrés. Cette fois-là, les tenants de la médecine ordinale et libérale eurent peur avant d’avoir mal, puisqu’aucune de ces prédictions ne se réalisa…

En comparaison, lors de la campagne de 2012, François Hollande a été plus prudent. Ses engagements se comptaient sur les doigts de la main. Et la plupart, sur les déserts médicaux ou l’accès aux soins, étaient suffisamment flous et consensuels pour ne déplaire à personne. Pour autant, le sort de certaines de ses promesses électorales a déçu. À commencer chez ses propres amis. Les tenants de la légalisation de l’euthanasie dénoncent l’oubli de la proposition 21 sur le « droit de mourir dans la dignité ». Et les détracteurs du secteur 2 déplorent que l’anarchie tarifaire perdure en dépit du dispositif adopté en 2012. Enfin, si les quatre cinquièmes du quinquennat se sont traduits par une politique plutôt favorable à l’hôpital public, l’ambiance s’est dégradée avec les libéraux, à mesure que se précisaient les contours de la loi de santé.

Hollande ne s’est pas mis en première ligne dans cette affaire. Comme ses deux prédécesseurs, il a préféré se donner de la hauteur avec le plan Cancer, comme si ce chantier à fort contenu grand public faisait désormais partie du domaine présidentiel. Néanmoins, c’est quand même lui qui a lancé (presque en l’air !) l’idée du tiers payant généralisé pendant la campagne. Ses interventions sur le thème ont oscillé ensuite entre soutien de principe à sa ministre et mots rassurants à l’intention des médecins de ville. Las ! Statu quo tarifaire et logique gestionnaire ont achevé d’exaspérer les seconds, avec une réforme Touraine dont le péché originel est peut-être sa consanguinité avec la loi HPST. Entre le corps médical libéral et les pouvoirs publics, la rupture est-elle pour autant consommée ? Seule la signature cet été d’une nouvelle convention pourrait arranger les choses. Comme si, en cette fin de quinquennat, l’avenir de médecine de ville se jouait moins avenue de Ségur qu’à la Cnamts… dont le patron est un proche de François Hollande !

Jean Paillard, directeur de la rédaction

Source : lequotidiendumedecin.fr