Accès aux soins

Face au développement des soins immédiats, MG France défend le parcours de soins

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Publié le 08/09/2022
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Pour sa conférence de rentrée, le syndicat MG France a appelé à défendre le rôle du médecin traitant et le parcours de soins, notamment face à la multiplication des centres de soins immédiats.

Crédit photo : Léo Juanole

Même si le système de santé n’a pas vraiment pris de vacances, en ce mois de septembre c’est la rentrée aussi pour les syndicats de médecins libéraux. Et entre la conférence des parties prenantes, le PLFSS, la convention médicale et le suivi de la mission flash sur les soins non programmés, l’automne va être bien chargé. Un vrai baptême du feu pour le Dr Agnès Giannotti, qui tenait ce jeudi 8 septembre sa première conférence de presse en tant que nouvelle présidente du syndicat MG France.

Et si on a beaucoup parlé de soins non programmés cet été, le syndicat souhaite que « l’arbre des soins non programmés ne cache pas la forêt des soins réels ». En effet, la médecine de ville a répondu présent cet été dans le cadre des mesures mises en place suite à la mission flash sur les soins non programmés.

Des créneaux restés vacants

« Ce qui était nouveau et intéressant, c’était de mettre ensemble les problématiques de l’hôpital et de la ville et d’évaluer les mesures prises », souligne le Dr Giannotti, qui rappelle que les soins non programmés représentent 25 % de l’activité des généralistes. Au niveau du bilan, le syndicat constate que si les généralistes ont réservé des créneaux pour les soins non programmés, « les plages n’ont pas toutes été remplies, loin de là ».

Et au niveau de l’organisation entre l’hôpital et la ville, que ce soit par les services d’accès aux soins ou autres, MG France remarque que les territoires où cela a fonctionné : « c’est lorsque la logique de SAS ou du Samu a réussi à s’entendre avec les organisations mises en place par les CPTS, en ville ». « Il y a des endroits où ils n’ont pas réussi à se parler et à faire correspondre les logiques », ajoute le Dr Giannotti. Elle souligne que la clé pour que les services d’accès aux soins fonctionnent est donc celle d'une gouvernance partagée.

Si côté effection, les généralistes n’ont pas fait le plein, côté régulation le syndicat a constaté dans certains territoires une inflation des appels. « Pour avoir une régulation correcte un médecin ne peut pas prendre plus de 10 appels par heure et dans l’Allier par exemple on nous a fait remonter des situations avec 70 appels en deux heures. Il faut évaluer le nombre d’heures de régulation. Il y a probablement un certain nombre d’appels qui n’ont pas à être régulés médicalement », analyse la présidente de MG France et « si on sort tous de nos cabinets pour réguler, qui va soigner la population ? »

Risque de désorganisation du système de soins

Mais au-delà de la réponse à l’urgence cet été, la généraliste parisienne estime qu’il y a un risque à se focaliser uniquement sur les soins non programmés. « Il y a un danger de dérégulation du système de soins », estime-t-elle, citant une prolifération des centres de soins immédiats.

« La consultation "one shot" qui règle un problème aigu, c’est bien mais ça ne suffit pas. Le libre accès, c’est répondre aux demandes pas aux besoins. Cela désorganise le système de soins », avance le syndicat. Face à cela, MG France défend donc le rôle du médecin traitant garant et référent du parcours de soins.

Pour le syndicat c’est donc un modèle qu’il faut choisir « nous sommes à un moment charnière, c’est un choix politique ». Et MG France en veut pour preuve l’expérience de sa première vice-présidente Margot Bayart.

Dans son territoire après le départ de sept généralistes, un cabinet secondaire a été créé avec un infirmier asalée et un assistant médical. Les patients appellent un numéro unique où l’infirmier les oriente puis ils rencontrent l’assistant qui constitue le dossier avant un premier rendez-vous avec un généraliste et l’infirmier asalée pour mettre en œuvre un plan de soins. Une manière de répondre aux problèmes d’accès aux soins pour les nombreux patients qui se sont retrouvés sur le carreau après les nombreux départs à la retraite.

Même si cela fonctionne bien, le financement est compliqué explique le Dr Bayart. « Et là nous venons d’apprendre que l’ARS a donné son aval pour la création d’un centre de soins immédiats, les bras m’en tombent », regrette la généraliste.

Une future convention du médecin traitant

Le syndicat espère donc que la prochaine convention médicale sera celle du médecin traitant, avec de vrais moyens financiers. Si la formation n’a pas chiffré précisément l’enveloppe attendue, elle doit permettre entre autres de valoriser les prises en charge complexes et au long cours, d’avoir des assistants médicaux pour tous les médecins ou de développer le maintien à domicile avec la revalorisation de la visite longue ou des indemnités kilométriques.

« Nos attentes c’est une enveloppe suffisante et pas des lois qui cassent tout », résume le Dr Giannotti, en référence notamment aux projets de coercition pour l’installation ou la permanence des soins ambulatoires.


Source : lequotidiendumedecin.fr