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Face à la maire du Blanc, Emmanuel Macron : "Je refuse de réouvrir la maternité"

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Publié le 14/02/2019
BFM

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Crédit photo : arnaud janin

La santé s'invite au grand débat national ce jeudi 14 février. Emmanuel Macron a décidé de rencontrer les acteurs de l'un des territoires où est né le mouvement des gilets jaunes, l'Indre (à Cargilesse-Dampierre) où se situe la maternité du Blanc qui a été fermée par l'ARS en 2018. La maire du Blanc, Annick Gombert à Emmanuel Macron : « Nous nous opposons à cette décision [de fermeture]. Il n'y avait pas de problème de sécurité ni de planning. »  Selon Annick Gombert, « la maternité du Blanc était reconnue pour la qualité de son accueil. C'est un vrai drame, une vraie blessure pour notre territoire, d'autant plus que nous sommes situés à 60 min minimum des autres maternités. C'est un vrai problème et c'est dangereux pour les femmes de devoir parcourir ces routes de campagne dans leur état. » Soulignant les conditions aléatoires pour accueillir les parturientes, selon Annick Gomber, cette fermeture est d'autant plus dommageable que la nouvelle maison de santé pluridisciplinaire qui vient de s'ouvrir est adossée à l'hôpital : « Il est indispensable que tous les habitants de la Vienne puissent aussi venir. Recréer une maternité pour Le Blanc est indispensable. » Le président Macron a répondu à la maire du Blanc : « La défiance s'est installée. Ce que disent les professionnels en nombre d'actes, c'est qu'on n'y est plus depuis un moment. Je ne serais pas responsable à dire qu'on va la réouvrir.»

« Ouvrir l'offre de santé »

Emmanuel Macron met aussi l'accent sur l'offre de santé : « Il nous faut une articulation entre les territoires qui réponde aux besoins et une vraie concertation avec le terrain. Un des projets de Ma santé 2022 est de décloisonner le lien ville-hôpital. Je veillerai à ce qu'il y ait un projet de santé cohérent sur la structure. Il nous faut réfléchir à apporter le service de mobilité et d'ambulance nécessaire aux habitants. »

Numerus clausus, pour ou contre la coercition ?

Concernant la suppression du numerus clausus, les élus présents appellent à la coercition des jeunes médecins. Didier Barachet, maire d'Ardentes, appelle à imposer des quotas : « C'est une mission de service public. On a réformé les huissiers, les notaires, les avocats... et pourquoi pas les médecins. » Quant à Patrick Lambilliotte, maire de Saint-Août qui déplore l'absence de médecins malgré la création d'une MSP, il dénonce « le lobby des médecins à l'Assemblée nationale. Il faudrait qu'ils aillent sur le terrain ! » Un autre élu, Serge Descout, président du conseil départemental de l'Indre parie sur la séduction à prodiguer vers les jeunes médecins. Cela ne suffit pas selon lui : « Sur un total de 147 médecins sur notre territoire, il nous en manque encore 30 ou 40. » Il évoque aussi la problématique du lieu du stage des jeunes praticiens : « Nos jeunes doivent aller étudier à Tours et pas à Limoges. En général, ils choisissent de s'installer là où ils font leur stage. Comment régler ce problème ? »

En guise de réponse aux élus, le président Macron déroule le plan Ma santé 2022 (hôpitaux de proximité, assistants médicaux, prévention, réforme du financement, médecins salariés...). Il reconnaît le besoin de réforme : « Nous avons sous-estimé la demande en santé et l'évolution démographique. On a produit nous-mêmes de la rareté, ce qui crée des situations insoutenables comme la pression sur les urgences. Aujourd'hui, le défi est de soigner des pathologies chroniques auprès du terrain. »

Vie de famille des jeunes médecins

Tout en admettant le manque d'attractivité des territoires pour nos professionnels de santé, Emmanuel Macron refuse l'idée de coercition en vue de forcer les médecins libéraux à s'installer. Au contraire, il met en avant le changement des mentalités et des pratiques : « Nos jeunes médecins ne veulent plus vivre comme ceux d'avant. Ils veulent avoir une vie de famille et travailler entre professionnels. En plus du numerus clausus, 40 % des professionnels formés ont quitté la profession de médecin. »  Il évoque les premières contraintes des étudiants en santé dans leur parcours : « Pas un hôpital de France ne pourrait fonctionner sans les internes ! » 

 

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr