Flop de StopCovid : Castex reconnaît des résultats décevants

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Publié le 26/08/2020

Lancée le 2 juin malgré les critiques, l’application StopCovid avait été téléchargée 600 000 fois en moins de 24 heures. Le secrétaire d’État au numérique Cédric O avait alors salué un « très bon démarrage » de l’application censée permettre à ses utilisateurs d'être prévenus s'ils ont croisé récemment, à moins d'un mètre et pendant plus de 15 minutes, un autre utilisateur qui s'est découvert contaminé par le coronavirus responsable du Covid-19. Le gouvernement espérait que « plusieurs millions de Français » téléchargeraient l’application.

Près de trois mois plus tard, les chiffres communiqués par la Direction générale de la santé (DGS) sont peu reluisants. Selon un décompte de la DGS, l’application n’a été téléchargée que 2,3 millions de fois (ce qui représente 3 % de la population française) et seules 1 500 personnes ont signalé être positives via l’application. Pire, seulement 72 notifications de contacts à risque avaient été recensées au 19 août.

« Pas l’outil majeur de la lutte », répond Castex

Interrogé par France Inter ce mercredi sur cet échec et le manque de communication du gouvernement sur cette application lancée au printemps, le Premier ministre Jean Castex a déclaré « convenir » que StopCovid n'avait « pas obtenu les résultats qu'on en espérait ». Mais « nous savions que tester grandeur nature pour la première fois de tels outils dans le cas de cette épidémie serait particulièrement difficile ». « Nous ne sommes pas le seul pays à faire ce même constat », a ajouté le chef du Gouvernement. « Ce n'est pas l'outil majeur de lutte », contre la pandémie, a-t-il encore souligné.

Une sénatrice réclame l’audition de Cédric O

Devant ce raté, la sénatrice socialiste de Paris Marie-Pierre de la Gontrie (Parti socialiste) demande que Cédric O soit auditionné dès septembre par la commission d’enquête du Sénat dédiée à la gestion de l’épidémie, a révélé Public Sénat lundi. « Nous avons besoin qu’il nous explique pourquoi ça n’a pas marché, a confié la Sénatrice au média. Quand est-ce qu’on arrête et, surtout, combien ça coûte à l’État ? Lui évoque plusieurs centaines de milliers d’euros en coût de fonctionnement. Ce n’est pas rien comme montant, et en même temps très flou. Nous avons besoin de transparence sur cet outil qui m’apparaît aujourd’hui comme un caprice technologique. »

Marie-Pierre de la Gontrie estime que l’Assemblée puis le Sénat ont donné le feu vert au lancement de StopCovid (le 27 mai, N.D.L.R.) en raison du « climat de peur » qui régnait à l’époque. « Certains avaient envie de croire en l’efficacité de cette application, malgré nos doutes, juge la sénatrice. Mais avec le recul, nous avons manqué de clairvoyance. L’outil n’était évidemment pas prêt. Et, désormais, les chiffres le prouvent. »

En dépit de ces chiffres, il est pour l'heure hors de question pour la DGS de renoncer à l’application. Celle-ci travaille ainsi à son amélioration et sur une campagne de communication afin que son téléchargement et son utilisation deviennent un réflexe pour les Français. « On souhaite que des familles, des classes ou même des entreprises aient le réflexe StopCovid, précise la DGS sur le site de Public Sénat. Cet outil est fonctionnel. Plus il est téléchargé et plus il est utile. »

(Avec AFP)


Source : lequotidiendumedecin.fr