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Grève illimitée à partir du 13 octobre, départs à l'étranger pour ne pas être réquisitionnés… les syndicats changent de braquet !

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Publié le 12/06/2023
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Face à «  la casse de la médecine libérale », quatre syndicats de médecins libéraux lancent un appel à la grève dure et illimitée à partir du 13 octobre prochain. Pour éviter les réquisitions de médecins, des départs à l'étranger sont envisagés.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Opposés à plusieurs textes parlementaires actuellement débattus dans l'hémicycle, quatre syndicats de médecins libéraux représentatifs (SML, UFML-S, FMF, et Avenir-spé-Le-Bloc) appellent à une grève totale et illimitée à partir du 13 octobre.

« À cette date et pour une durée illimitée l’ensemble de la médecine libérale s’arrêtera. Dans le même temps l’action de déconventionnement collectif (déjà deux mille cinq cents intentions à ce jour) continuera à se poursuivre », écrit l'UFML-S dans un communiqué.

Revendications

Les syndicats à l'initiative de cet appel réclament le retrait pur et simple de la proposition de loi du député Frédéric Valletoux (Renaissance) censée « améliorer l’accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels » ainsi que le retrait de certains amendements portés par le député Guillaume Garot (NUPES).

Pour l'UFML-S, cette loi « est dangereuse pour l’exercice libéral et pour les patients de France ». Pour la FMF c'est « une mise à mort de la médecine libérale organisée par les politiques ».

Dans des communiqués respectifs, les quatre syndicats réclament par ailleurs une reprise « rapide » des négociations conventionnelles avec l'Assurance maladie alors qu'ils sont, pour l'instant, soumis aux tarifs de la convention médicale de 2016 (l'entrée en vigueur du règlement arbitral est prévue à l'automne).

L'égalité tarifaire pour toutes les spécialités dont la médecine générale pour le tarif de base, ainsi que l'ouverture du secteur 2 à tous les médecins libéraux figurent également parmi les demandes des quatre syndicats.

Contactée, le Dr Sophie Bauer, présidente du SML, prévient : « Si nos principales revendications ne sont pas suivies d'effet, nous irons vers un arrêt total et illimité de nos activités médicales ! »

Moment opportun

La chirurgienne thoracique et cardiovasculaire libérale met aussi en garde :

« Au vu de l'enjeu, ce mouvement promet d'être dur et extrêmement bien suivi car il sera extrêmement bien préparé. Il ne faut pas oublier que nos syndicats (SML, FMF, UFML-S et Avenir-spé-Le-Bloc) représentent une très grande partie de la médecine spécialisée et une grande partie de la médecine générale. Il va falloir que les parlementaires réfléchissent à deux fois avant de voter ces lois assassines ! »

Pour que ce mouvement ait l'écho escompté, les initiateurs comptent d'ailleurs ne rien laisser au hasard. « L'idée est de faire partir cette grève un vendredi 13 ; c'est symbolique et cela marquera le début d'une grève dont on ne connaît pas la fin ! »

À cette date, par ailleurs, les débats autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 devraient battre leur plein. Une bonne occasion pour rappeler aux parlementaires « que la médecine libérale est en vraie souffrance et qu'on ne peut plus la traiter avec autant de mépris », insiste le Dr Sophie Bauer.

Rendre les médecins non réquisitionnables

Concernant la grève, la praticienne se montre claire : « Cette fois-ci, nous n'attendrons pas bien gentiment que les médecins se fassent réquisitionner un à un. Nous comptons nous organiser pour éviter que les médecins soient réquisitionnables ! »

Des départs à l'étranger sont notamment envisagés confie la syndicaliste. « L'idée est que les médecins ne soient pas joignables dans leur cabinet. »

Mais alors que l'accès aux soins ne cesse de se détériorer, cette position pourrait être perçue comme un véritable message d'hostilité par les pouvoirs publics. Après l'échec des négociations avec la Cnam et avec les propositions de loi « coercitives et destructrices » discutées actuellement, certains syndicats semblent vouloir adopter une méthode plus persuasive et miser sur des actions coup de poing.

D'ici le 13 octobre, reste à savoir toutefois si les syndicats parviendront à fédérer les médecins autour de ces actions pour qu'elles pèsent suffisamment dans le débat parlementaire.


Source : lequotidiendumedecin.fr