« Il faut être malade pour s’en prendre à un professionnel de santé » : la campagne choc pour dire stop aux violences envers les soignants

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Publié le 19/12/2023

Crédit photo : Ministère de la Santé et de la prévention

Le ministère de la Santé part en croisade contre les violences envers les soignants. Concrétisant l'une des 42 mesures du plan sur la sécurité des soignants dévoilé fin septembre par Agnès Firmin Le Bodo, Ségur lance une vaste campagne de sensibilisation à destination du grand public.

Dévoilé ce mardi par la ministre déléguée aux Professions de santé, à la faveur d'un déplacement au centre hospitalier de Saint-Maurice (Val-de-Marne), cette campagne de communication vise à changer le comportement des patients indélicats ou violents et à inciter les professionnels victimes à porter plainte systématiquement.

Tolérance zéro vers le grand public

Au moyen d'affiches placardées dans les cabinets médicaux, les pharmacies ou encore les écrans d'hôpitaux (et également diffusées sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et LinkedIn), les patients sont interpellés sur des situations de violences auxquelles peuvent être confrontés les professionnels de santé au quotidien.

On observe par exemple une infirmière agressée aux urgences, un médecin violenté au sein de son cabinet ou une pharmacienne qui découvre son officine ravagée. « Il faut être malade pour s'en prendre à un professionnel de santé », lit-on sur les trois affiches chocs de cette campagne. Un QR code redirige les patients sur un onglet dédié du site web du ministère sur lequel le grand public est invité à découvrir des témoignages de soignants victimes d'agression. « Usagers de santé, soignons notre comportement », insiste aussi le ministère.

Piqûre de rappel sur les peines encourues

« Face à ces situations, chacune et chacun de nous doit prendre ses responsabilités, recadre le ministère. Et savoir en toute connaissance de cause que les violences envers les professionnels de santé sont réprimées par la loi, passibles de poursuites pénales voire d’emprisonnement et lourdes de conséquences, tant pour les agresseurs que pour les agressés ».

Le ministère rappelle la règle de tolérance zéro et surtout les peines auxquelles s'exposent les agresseurs en cas de violences verbales ou physiques à l'encontre d'un professionnel de santé (à l'hôpital, en clinique, en cabinet ou en pharmacie). « 7 500 € d’amende en cas d’outrage et jusqu'à 6 mois d’emprisonnement s’il est commis en réunion (...), 15 000 € d'amende et un an de prison en cas d'appels téléphoniques/messages malveillants réitérés ou de harcèlement (...), 75 000 € d’amende et 5 ans d’emprisonnement en cas de menaces, pression, actes d’intimidation », liste Ségur.

Libérer la parole

Déployée jusqu'au 18 janvier 2024, cette opération d'ampleur s'adresse aussi directement aux professionnels du soin. « Face à la violence, ne gardons pas le silence » : tel sera le message phare diffusé dans les salles de repos des lieux de soins pendant près d'un mois afin de systématiser le signalement des violences.

Accolé à ce slogan ? Là encore, un QR code invite les professionnels de santé à porter plainte en cas d'agression. Une page d'information pour accompagner les victimes dans leurs démarches ainsi qu'un kit de sensibilisation ont été mis en œuvre.

65 soignants victimes de violences chaque jour

Pour rappel, environ 20 000 signalements de violence à l’égard des professionnels de santé sont recensés chaque année par l'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS). Quelque 30 000 atteintes aux personnes sont aussi constatées – un même signalement pouvant impliquer plusieurs personnes – et environ 5 000 atteintes aux biens. À quelques semaines de la publication des chiffres 2022 sur le sujet, « nous estimons qu’en moyenne 65 soignants (médecins, infirmiers, kinés, pharmaciens, sages-femmes ou autres) sont victimes de violences physiques ou verbales, chaque jour », fait savoir le ministère qui dénonce un chiffre « inacceptable ».

Cette année, l'Ordre des médecins qui recense spécifiquement les incidents signalés par les praticiens a enregistré 1 244 déclarations de violences de tous types contre des confrères. Un record bien au-delà de la moyenne annuelle établie depuis 20 ans (841 incidents).

Violente agression d’un confrère de SOS à Auxerre

À Auxerre (Yonne), un médecin a été agressé vendredi soir dernier alors qu’il officiait dans les locaux de SOS Médecins. Rué de coups par le mari d'une patiente – qui avait montré des signes d’impatience après avoir attendu plusieurs heures en salle d’attente –, le praticien a été arrêté 10 jours, selon nos confrères de France Bleu Auxerre. Ce dernier a porté plainte. L’agresseur a été placé en garde à vue et relâché le lendemain. Il sera jugé au tribunal correctionnel en mai 2024 pour violences volontaires sur personnel médical, a appris France Bleu Auxerre de source policière.


Source : lequotidiendumedecin.fr