Rapidement après sa prise de fonction, la ministre de la Santé avait annoncé qu'elle allait « accompagner les médecins » vers le tiers payant intégral. 

« Nous n'abandonnons pas le tiers payant qui a vocation à être accessible à tous les malades », avait assuré la ministre il y a deux ans, au moment de reporter l'entrée en vigueur de cette obligation programmée en novembre 2017 par Marisol Touraine. « Le candidat Emmanuel Macron a promis un tiers payant généralisable et nous allons y aller avant la fin du quinquennat. [...] Techniquement, dès qu'il sera faisable, les patients y auront accès », assurait alors la ministre.

« Nous sommes en train d'y arriver »

En avril 2018, Agnès Buzyn avait fixé un nouveau calendrier et l'objectif d'aboutir à un « tiers payant généralisable dès la fin 2019 ». S'appuyant sur un document d'une cinquantaine de pages de l'IGAS, la ministre considérait que les « obstacles techniques » à la généralisation du tiers payant devaient être levés « au plus tard » fin 2019.

Selon la ministre de la Santé, c'est dorénavant chose faite. « En 2019-2020, j'avais dit que nous serions en mesure de proposer le tiers payant sur les mutuelles. Jusqu'à présent, nous ne savions pas le faire, nous sommes en train d'y arriver », a-t-elle affirmé au micro de Jean-Jacques Bourdin.

Avec quelle solution ?

Cette annonce a surpris les représentants de la profession, toujours opposés à une généralisation de la dispense d'avance de frais intégrale. « On n'a pas avancé d'un pouce sur le sujet et les complémentaires ne s'en préoccupent pas », affirme le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF.

Le patron de MG France abonde : « Rien ne laisse penser que le système technique proposé par les mutuelles ait évolué, souligne le Dr Jacques Battistoni. Nous sommes favorables à faciliter l'accès financier aux soins mais nous voulons aussi faciliter l'exercice professionnel et nous attendons toujours un système simple avec les mutuelles. »

Il y a quelques jours, sept syndicats de professionnels de santé, parmi lesquels la CSMF et le SML pour les médecins libéraux, se sont déclarés favorables au tiers payant intégral à condition d'utiliser Paymed, la solution qu'ils ont développée. Ce système garantit, assurent-ils, un paiement à J+6 de la totalité de leur facture, et ce via un flux unique pour les parts AMO et AMC. Les professionnels de santé tentent d'imposer cette solution plutôt que la contractualisation des praticiens avec l’Inter-AMC, concentrateur gérant le tiers payant d'environ 80 % des complémentaires. Selon le Dr Ortiz, seulement 6,5 % des médecins généralistes avaient contractualisé en juin 2019 avec l’Inter-AMC.

Derrière son discours politique martial, Agnès Buzyn ne précise pas quelle option elle entend retenir pour tenir son objectif de généraliser le tiers payant.