La création d'un numéro d'appel unique pour les urgences fait débat

Publié le 15/05/2018
Salle de régulation

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

La question de regrouper les numéros d'urgence (le 15 du Samu, le 17 de la police et le 18 des pompiers) sur une plateforme unique se pose mais n'est pas tranchée. « Des décisions seront prises cet été », a indiqué ce mardi Agnès Buzyn.

Après le récent drame survenu au Samu de Strasbourg, la ministre de la Santé a reçu lundi des représentants des urgentistes, pour évoquer les conditions de la mort de Naomi Musenga et leur demander de dresser, d'ici au 1er juillet, une liste de propositions pour « harmoniser » et « encadrer » les pratiques des Samu.

L'amélioration des pratiques passera-t-elle par le regroupement de tous les numéros d'urgence dans un numéro unique ? Un rapport sur le sujet doit être rendu « avant l'été », a déclaré la ministre sur RMC.

Vers un 911 français ?

Ce rapport dressera un « état des lieux de ce qui se passe dans les autres pays », notamment européens, qui l'ont mis en place, pour « voir les inconvénients et les bénéfices ». « Il y a un inconvénient, c'est que quand vous avez un appel unique, vous avez plusieurs relais avant que la personne trouve le bon interlocuteur », a pointé Agnès Buzyn.

A Strasbourg, alors que Naomi Musenga a d'abord appelé les pompiers, « c'est lors du passage » de cet appel vers le Samu « que l'opérateur des pompiers dit +elle a la grippe+. On voit qu'il y a une transmission de l'information qui de fait n'était pas une bonne information et a peut-être créé du trouble chez l'opératrice du Samu », a jugé Mme Buzyn.

Dans le cas d'un regroupement, « deux options » sont sur la table.

La première serait de rassembler tous les appels d'urgence, des pompiers, du Samu, et de la police, « dans un seul numéro, comme le 911 aux États-Unis » avec « un autre numéro d'appel pour la régulation médicale banale ».

« Les urgences vitales représentent autour de 3 % des appels au Samu », a rappelé la ministre de la Santé.

L'autre option serait de « regrouper sous un même numéro tout ce qui concerne la santé » que cela soit « très urgent » ou pas, a-t-elle ajouté.

Plaidoyer pour le 116 117

Le Syndicat des médecins libéraux (SML) a demandé ce lundi que le gouvernement étende le 116 117, numéro expérimenté dans quelques départements pour décharger le 15 mais dont l'extension avait été gelée. Le syndicat présidé par le Dr Phlippe Vermesch ne croit pas à un numéro unique des urgences comme aux États-Unis. « Outre-Atlantique, ce sont des paramedics qui interviennent sur toutes les urgences et acheminent le patient à l'hôpital, développe le SML. En France, ce sont des médecins qui régulent les appels avant d'envoyer les effecteurs médicaux. »

Selon le syndicat, le risque serait grand, « en période hivernale et épidémique que tous les appels relevant de la médecine générale engorgent le numéro unique éventuellement mis en place et retardent d’autant les prises en charges pour les urgences vitales. » « Lorsqu’un numéro de PDSA distinct du 15 existe, comme c’est le cas dans plusieurs départements, seuls 2 à 3 % des appels sont retransférés aux urgentistes car potentiellement urgents. Ce qui démontre que les patients s’approprient aisément le dispositif », ajoute le SML, persuadé que les médecins libéraux peuvent relever le défi des soins non programmés.

« Ainsi, le 116 117 pourrait également être étendu en dehors de la PDSA, avec des médecins volontaires pour organiser une régulation libérale des soins non programmés en journée et qui se rendraient disponibles pour les prendre en charge dans leurs cabinets », conclut le syndicat.

La CSMF abonde dans ce sens. Le syndicat demande également qu'un « numéro national unique et spécifique, tel que le 116 117 » soit mis en place « pour la permanence des soins en médecine générale, en lien avec les structures et associations de permanence de soins de ville ». Il estime que cette disposition permettrait « d'éviter de noyer tous les appels et de retarder la prise en charge des urgences vitales ».

Avec AFP


Source : lequotidiendumedecin.fr