Pédiatrie

La Défenseure des droits appelle à faire de la santé mentale des enfants une priorité des politiques publiques

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Publié le 17/11/2021
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La santé mentale des enfants doit devenir une priorité des politiques publiques. Dans un rapport qui s’appuie sur les nombreux témoignages des professionnels et d’enfants, la Défenseure des droits formule une trentaine de recommandations pour une approche plus globale et transversale du sujet et une amélioration de l’accès aux soins.

Crédit photo : SPL/ PHANIE

À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant du 20 novembre, la Défenseure des droits, Claire Hédon,a publié un rapport sur la « Santé mentale des enfants : le droit au bien-être ». Elle y formule une trentaine de propositions pour que la santé mentale et le bien-être de l’enfant soient considérés comme « une priorité des politiques publiques ».

En introduction, le rapport rappelle que « la santé mentale des enfants a longtemps été un tabou, un sujet mal appréhendé, enfermé par une définition trop restrictive d’une part, et au sein d’un secteur psychiatrique mal considéré d’autre part ».

Pourtant, sur les 3 000 saisines par an que reçoit la Défenseure des droits sur les droits des enfants, « nombreuses sont celles qui concernent, directement ou indirectement, le sujet de la santé mentale, dans sa définition la plus large de bien-être et jusque dans ses aspects les plus spécifiques touchant aux soins en pédopsychiatrie ».

Difficultés d'accès aux soins

Parmi ces réclamations, de nombreuses dénoncent les difficultés d’accès aux soins, que ce soit aux professionnels ou aux structures : psychologues, médecins et infirmiers scolaires, pédopsychiatrie, centre médico-psycho-pédagogique (CMPP), institut médico-éducatif (IME), etc.

Le rapport rappelle ainsi que 15 % de la population se situe à plus d’une heure d’un CMPP et que les délais d’attente pour un premier rendez-vous en CMP ou CMPP sont extrêmement longs. En psychiatrie infanto-juvénile, le nombre de patients suivis annuellement a augmenté « de plus de 60 % en 20 ans », ajoute le rapport. « Le nombre d’admissions en hospitalisation complète et partielle a plus que doublé en 15 ans. Le nombre de consultations en centre médico-psychologique, soins ambulatoires a augmenté de 33 % en 13 ans ». Mais dans le même temps, la Défenseure des droits parle d’un effondrement démographique « manifeste » de la profession de pédopsychiatre.

Plusieurs recommandations du rapport vont donc dans le sens d’une amélioration de l’accès aux soins, dans toutes ses dimensions, de santé mentale pour les enfants. Cela passe notamment par une augmentation du nombre de CMPP et CMP, le soutien aux projets de création d’équipes mobiles, la densification de l’offre de soins hospitalière en pédopsychiatrie, le développement de la prise en charge des urgences pédopsychiatriques ou des unités thérapeutiques transversales « rassemblant dispositifs d’aller-vers, offre de soins ambulatoires et en hospitalisation ».

Par ailleurs, le rapport encourage à « proscrire de toute urgence » l’hospitalisation des mineurs en unité psychiatrique pour adultes. Pour réduire les inégalités sociales de santé, la Défenseure des droits appelle le ministère à favoriser et soutenir les initiatives « d’aller vers » les familles les plus précaires.

Sur la petite enfance, le rapport recommande au ministère de la Santé, aux conseils départementaux et aux CPAM d’augmenter les moyens accordés aux PMI ainsi que le nombre de centres.

Agir à l'école, dans les familles…

Le rapport insiste également sur la nécessité d’avoir « une approche large et préventive de tout ce qui peut porter atteinte à la santé mentale de l’enfant » comme moyen « de garantir l’ensemble des droits de l’enfant ».

Côté prévention, une attention doit donc être portée dès la petite enfance, ce qui justifie notamment la recommandation faite au ministère, aux collectivités locales et aux CAF, « d’intensifier, et de favoriser la coordination et la visibilité des dispositifs d’accompagnement à la parentalité ».

Les nombreux témoignages recueillis par la Défenseure des droits, montrent l’imbrication des différentes problématiques avec notamment une influence de l’environnement scolaire, familial, social sur la santé mentale des enfants. Pour tendre vers une approche globale et transversale, de nombreuses recommandations sont donc aussi formulées sur le milieu scolaire : pour lutter contre le harcèlement scolaire ou renforcer la médecine scolaire par exemple.

Les conséquences dramatiques de la crise

Soulignant dans un focus spécial « les conséquences dramatiques » de la crise sanitaire sur la santé mentale des enfants, la Défenseure des droits demande au ministère de la Santé de réaliser une étude pluridisciplinaire et longitudinale sur les effets à long terme de la crise sanitaire sur la santé mentale des enfants et des adolescents. Sujet amplifié aussi par la crise sanitaire, la question des écrans devrait faire l’objet, pour Claire Hédon, d’une étude approfondie sur le phénomène et les conséquences de toutes les formes d’addictions qui leur sont liées.


Source : lequotidiendumedecin.fr