Dépenses de santé

La Mutualité Française défend une hausse des tarifs de 3,4 % en 2022

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Publié le 07/01/2022
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Les cotisations des mutuelles augmenteraient en moyenne de 3,4 % en 2022, selon l'enquête annuelle de la Mutualité Française. Une hausse qui se justifie selon elle par l’augmentation des dépenses de santé et des taxes prélevées sur les contrats des mutuelles.

Crédit photo : GARO/ PHANIE

Malgré la pression du gouvernement, qui souhaitait une stabilité des cotisations des complémentaires, celles-ci vont bel et bien augmenter en 2022.

D’après l’enquête annuelle réalisée par la Mutualité Française, qui fédère 518 mutuelles, les cotisations augmenteront en moyenne de 3,4 % en 2022. Dans le détail, cette enquête, menée auprès de 32 mutuelles qui protègent 17,1 millions de Français, montre que les contrats individuels augmenteront de 3,2 % en moyenne et les contrats collectifs obligatoires de 3,8 %.

Pour 3,6 millions de personnes, les cotisations n’augmenteront pas. Pour la moitié des mutuelles répondantes, le taux d’augmentation des cotisations est inférieur à 2,4 % et à l’inverse, pour 2 % de la population couverte, les cotisations seront en hausse de plus de 6 %.

Des hausses qui suivent l'évolution des dépenses

Pour désamorcer toute polémique, la Mutualité Française justifie cette hausse par l’évolution des dépenses de santé et la fiscalité imposée aux mutuelles.

« Les mutuelles s’emploient à trouver des solutions capables de maintenir la couverture d’assurance de leurs adhérents pour accompagner une croissance continue des dépenses de santé des Français et pour répondre à une hausse régulière de leur fiscalité. Dans ce cadre, certaines d’entre elles sont contraintes d’augmenter leurs cotisations pour équilibrer leurs comptes car elles ne peuvent être déficitaires ou créer de la dette », souligne Éric Chenut, son président.

En effet, la Mutualité Française rappelle qu’en 2022 l’Ondam (hors Covid) progresse de 3,8 % par rapport à 2021. Et en 2021, les dépenses de santé des Français ont été croissantes.

« Les mutuelles ont remboursé 6 % de prestations de santé supplémentaires en 2021 par rapport à 2019 », détaille la Mutualité. Et sur les 20 dernières années, de 1999 à 2019, les cotisations des mutuelles ont suivi l’évolution des dépenses de santé. « Elles sont passées de 140 à 272 milliards d’euros, soit une croissance de +94 % et une croissance annuelle moyenne de +3,4 %. Sur la même période, les remboursements de soins des mutuelles ont également augmenté de +3,3 % par an en moyenne. Les cotisations hors taxe des mutuelles ont ainsi connu une évolution similaire, de +91 % en 20 ans », précise la Fédération.

Elle ajoute que, parallèlement, les taxes prélevées sur les contrats de mutuelles ont augmenté en dix ans, passant de 200 millions en 2000 à 2,5 milliards en 2019 (3,2 milliards en 2020 contribution Covid inclus).

Non à la politisation du débat sur la « Grande Sécu »

La Mutualité Française, aux côtés de neuf autres organisations mutualistes et syndicales a publié cette semaine une tribune dans Le Monde pour dénoncer la politisation du débat sur l’articulation entre Sécurité sociale et complémentaires santé. Alors que le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) planche depuis 2019 sur le sujet, à l’approche de l’élection présidentielle l’ensemble des discours semble se focaliser sur un des scénarios étudié, celui d’une « Grande Sécu ». Pour les signataires de la tribune, ces débats ne doivent pas occulter les vraies interrogations qui se posent au système de santé.

Déserts médicaux, crise de l’hôpital public, prise en charge de la perte d’autonomie, poids croissant de la santé dans le budget des Français sont pour eux les enjeux réels et prioritaires auxquels sont confrontés les Français. Ils appellent à travailler davantage sur la prévention, sur la complémentarité entre soins de ville et hôpital ou à sortir du centralisme d’État en matière de santé. En ce sens ils appellent donc à réunir l’ensemble des acteurs du monde de la santé et de la protection sociale « pour élaborer ensemble un système plus efficient, plus solidaire et plus soutenable au bénéfice de tous ».


Source : lequotidiendumedecin.fr