Les urgentistes en congrès veulent accélérer la réforme, Agnès Buzyn repousse ses annonces

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Publié le 14/06/2018
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Crédit photo : GARO/PHANIE

Le congrès des Urgences* s'est ouvert mercredi Porte Maillot à Paris dans un contexte particulier. « C'est l'année des réformes annoncées, de la première promotion du DES de médecine d'urgence mais aussi une période d'inquiétude », a énuméré le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), à l'occasion de la visite d'Agnès Buzyn ce jeudi. L'année 2018 aura en effet été fortement marquée par l'affaire Naomi Musenga, jeune femme de 22 ans décédée après avoir été moquée par une opératrice du SAMU le 29 décembre dernier.

À l’issue de cette affaire, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait convoqué les représentants des urgentistes. Ces derniers doivent remettre leurs propositions pour améliorer le traitement des appels d'ici le 1er juillet. La profession a ainsi profité d'un amphithéâtre bondé et de la venue de la ministre pour faire à nouveau part de ses demandes. Le Dr Ricard-Hibon a tout d'abord évoqué la nécessité de revoir la formation et les procédures qualité et sécurité au sein des centres 15. Elle a également salué la proposition du député Thomas Mesnier, qui dans son rapport sur les soins non programmés, préconise un numéro unique de régulation santé, « dont les appels seraient traités sans intermédiaire », a ajouté la présidente de la SFMU. Et d'ajouter qu'un autre sujet préoccupe particulièrement la profession : « les nombreuses alertes formulées par les urgentistes au sujet des patients sur brancards, qui n'ont eu que peu d'efficacité ».

Travailler avec les libéraux

Samu-Urgences France avait d'ailleurs rendu les résultats de son « No bed challenge » cette semaine. Son président, le Dr François Braun, a pour sa part interpellé la ministre sur la nécessité de « décloisonner l'hôpital et de renforcer la régulation médicale, en travaillant aussi avec les médecins libéraux dans les territoires ». Devant la ministre, le Pr Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière, a lui insisté sur la nécessaire « modernisation des systèmes d'information au sein des services d'urgences »

Contrairement aux attentes des quelque 4 000 congressistes présents à Paris cette semaine, Agnès Buzyn n'en a pas dit plus cette après-midi sur ce qu'elle mettra en œuvre pour réorganiser les urgences. Elle a toutefois rappelé l'une des mesures de son plan Ehpad : un investissement de 36 millions d'euros, consacrés à la présence d'infirmiers de nuits dans les Ehpad, « afin d'éviter l'adressage inutile de patients âgés aux urgences ».

Le calendrier politique n'est en effet pas favorable aux grandes annonces puisqu'elle doit dévoiler à l'été, au côté d'Emmanuel Macron, la future stratégie de transformation du système de santé. « Les concertations sont en cours », a précisé la ministre. Agnès Buzyn a également fait savoir que les conclusions de la mission d'inspection qu'elle a commandée dans le cadre de l'affaire Musenga seraient rendues publiques la semaine prochaine.

*Le Congrès Urgences 2018 a lieu du 13 au 15 juin 2018 au Palais des Congrès Porte maillot à Paris.


Source : lequotidiendumedecin.fr