Mais où est passé le plan génériques ?

Que d’imprévus pour le plan de promotion des génériques ! Alors que médecins, infirmiers, pharmaciens, hôpitaux publics et privés étaient invités, mardi matin, à sceller un plan d’action en faveur des génériques au ministère de la Santé, voilà que la rencontre a disparu de l’agenda de Marisol Touraine. À défaut de rencontrer ces professionnels de santé, la ministre s’est en fait rendue au siège de la Ligue nationale contre le cancer, accompagner une visite impromptue de François Hollande. Il n’est toutefois pas si surprenant que la ministre n’ait pas été là où on l’attendait. Plusieurs syndicats avaient en effet annoncé dès lundi soir leur intention de ne pas se rendre au Ministère le lendemain. Une nouvelle façon de signifier leur opposition au projet de loi santé.

« Nous ne sommes pas opposés au générique, nous regardons ce qui peut favoriser son développement mais actuellement ce n’est pas notre sujet principal d’inquiétude », rappelle Jean-Paul Ortiz. Pour le président de la CSMF, « l’urgence n’est pas de signer une charte mais d’analyser les amendements adoptés au projet de loi santé ». Même préoccupation du côté de MG France où l’on considère que, ce plan « génériques », « c’est le cadet de nos soucis dans l’état actuel des rapports qu’on a avec le ministère ». Et Gilles Urbejtel, trésorier du syndicat, d’ajouter que « le document est quand même assez creux ». Pour l’année en cours, le gouvernement table sur plus de 430 millions d’économies grâce au développement des génériques. Avec ce plan triennal, près de 350 millions d’euros supplémentaires sont visées. Il est également question d’accorder des rémunérations supplémentaires aux médecins et pharmaciens pour les inciter à prescrire et délivrer des génériques.

En plus d’augmenter le répertoire des génériques, le plan devrait s’accompagner d’une campagne de communication. Le gouvernement espère qu’à l’horizon 2017, les génériques représenteront un quart du marché français. Selon une source proche du dossier, « si le plan est adopté par l’ensemble des signataires, c’est un acte fort, sa réussite est dans l’engagement collectif des acteurs ». Cette source ajoute, en revanche, que « si aucun médecin ne signe, il ne vaut rien ». Les génériques semblent être les victimes collatérales du projet de loi… Ou du soutien politique présidentiel apporté à Marisol Touraine.

En fin de journée mardi, le ministère de la santé diffusait un communiqué annonçant qu’"un plan national d’action de promotion des médicaments génériques a été présenté ce matin aux acteurs de santé publique, représentants de patients, fédérations et conférences hospitalières, syndicats, académies, collèges, ordres professionnels et enseignants". Ce plan, dont le pilotage a été confié à Muriel Dahan, Inspectrice générale des affaires sociales, vise, selon le minsutère "à encourager la prescription et l’utilisation des médicaments génériques en ville, à l’hôpital et dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, tout en respectant la liberté de prescription." Avenue de Ségur, on confirme aussi qu’une campagne d’information pour promouvoir les génériques sera lancée fin 2015.