PLFSS : la Mutualité propose d'expérimenter l'équipe de soins traitante dans les déserts médicaux

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Publié le 21/09/2023
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Crédit photo : S. Toubon

Le président de la Mutualité Française Éric Chenut a présenté ce jeudi des propositions pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), avec l'efficience et la pertinence des soins pour mots d'ordre.

La Mutualité propose de contribuer directement à la construction des parcours de prévention aux âges clés de la vie comme « partenaire et cofinanceur ». Forte de ses 26 000 actions de prévention, la FNMF « veut en faire davantage », avec une valorisation à la hauteur des enjeux, rapporte son président, soulignant que la prévention personnalisée permettrait de réduire fortement les inégalités de santé. « Entre les 5 % les plus riches et les 5 % les plus pauvres, il y a un écart de 13 ans d’espérance de vie pour les hommes, 8 pour les femmes », insiste-t-il.

Des thérapies non médicamenteuses comme l’activité physique adaptée prescrite par un médecin ou le recours à un diététicien, validées scientifiquement par la HAS et l’Inserm, « ont montré leur efficacité en cas d’obésité, de diabète de type 2, d’hypertension artérielle et pour certains cancers », énumère le lobby mutualiste. La baisse de la fiscalité (taxe de solidarité additionnelle – TSA) des contrats de complémentaire santé qui proposent à leurs adhérents des actions de prévention pourrait soutenir cette dynamique préventive.

Alléger la charge des médecins

La Mutualité investit aussi le champ de l’organisation des soins. Afin de prendre en charge le nombre croissant de personnes en ALD, elle défend l'expérimentation d’équipes de soins traitantes dans les zones sous-denses « autour d’un médecin mais aussi d’un pharmacien et d'infirmiers, comme socle choisi par l’assuré, pouvant être complétés par la suite », précise Éric Chenut. Ces expérimentations sur trois ans permettraient selon lui « un gain d’efficience ». « Le médecin traitant ne peut organiser seul le parcours de soins », martèle la FNMF. Le partage de compétences au sein d’une telle équipe traitante « allégerait la charge des médecins et limiterait le renoncement aux soins et/ou prise en charge tardive ».

Sur le plan financier cette fois, la Mutualité défend l'égalité de traitement entre le secteur public et le privé non lucratif, avec une transposition systématique des mesures budgétaires et de revalorisations des personnels. L’inégalité actuelle « envoie un message délétère aux professionnels qui travaillent dans le privé non lucratif et une incompréhension pour les familles et usagers, alors que les besoins sont exactement les mêmes », se désole le patron de la Mutualité.

Arrêter de rembourser certains médicaments

Déterminée à lutter contre les « actes redondants », la FNMF pousse pour l’arrêt du remboursement des médicaments dont le service médical rendu (SMR) est insuffisant. Elle propose aussi de mieux partager les informations entre l’Assurance-maladie et les complémentaires « pour mieux gérer le risque et lutter plus efficacement contre la fraude ».

Côté recettes, le patron de la FNMF dénonce le mauvais message gouvernemental sur la hausse annoncée des franchises (médicaments et consultations). « Vous financez le système en étant en bonne santé, mais quand vous êtes malade, vous n’êtes pas remboursés totalement (...) Si l’on est malade, on va voir un professionnel de santé. Si une boîte de médicament est nécessaire, il faut la prescrire. » Est-il favorable au plafonnement du reste à charge ? « Pas au bouclier sanitaire, mais tout dépend de la logique poursuivie », répond Éric Chenut. Pour financer la protection sociale, la Mutualité jugerait en revanche très pertinent de garantir le principe de « compensation systématique et intégrale des exonérations de cotisations sociales ». Celle-ci permettrait de récupérer jusqu'à 2,1 milliards d’euros.

In fine, « ce ne sont ni des sujets techniques, ni budgétaires : ce sont des choix politiques, dont il faut débattre et le conservatisme n’est pas au sein de la population », clame Éric Chenut, soutenant que les Français, eux, sont prêts à changer. 


Source : lequotidiendumedecin.fr