Plus aucune valeur, le caducée ?

Depuis plusieurs mois, la situation est au point mort dans beaucoup de villes. À Paris, Lille, Lyon, Bordeaux ou encore Annecy, les médecins en visite à domicile sont verbalisés malgré leur caducée. Certaines municipalités ont même décidé de faire payer aux professionnels de santé un forfait spécifique pour pouvoir stationner. Malgré la mobilisation de plusieurs syndicats, aucune solution n’a été trouvée à ce jour au niveau national pour y remédier.

« Cette attitude regrettable démotivera encore un peu plus les médecins qui acceptent et peuvent encore trouver le temps de se déplacer au domicile de leurs patients », tempête Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF. 

Des négociations ont cependant abouti dans certaines agglomérations, comme à Clermont-Ferrand où la situation était la plus tendue. Le maire, Olivier Bianchi (PS), souhaitait en effet appliquer un forfait annuel de 1 250 euros pour pouvoir stationner librement. Il y a finalement renoncé suite aux discussions entreprises par MG France.

Un système de « pass » devrait être prochainement développé à la place. « Il y a 3 000 médecins sur le département qui ont un caducée et, certes, ils n’en ont pas tous besoin, analyse le secrétaire général adjoint de MG France, Fabien Ruaud, qui est aussi le délégué Auvergne du syndicat. Le nouveau pass sera délivré en mairie. Le médecin devra justifier d’un cabinet dans la zone où il fait des visites et s’engager sur l’honneur qu’il ne l’utilise que dans le cadre de visites à ses patients». Lors des négociations, le généraliste du Cendres, à côté de Clermont-Ferrand, a insisté auprès des élus sur le fait que cette stratégie «oubliait la notion des personnes fragiles et dépendantes qui habitent en ville. À force, certains patients vont être abandonnés. Aujourd’hui, les déserts médicaux sont dans le cœur des villes». 

Tolérance zéro dans certaines villes

Dans l’autre pôle de la région, à Lyon, les négociations sont toujours en cours. Le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, président de la FMF Auvergne-Rhône-Alpes indique : « La municipalité a un petit peu infléchi sa position. Elle souhaite faire payer un forfait annuel de 120 euros par an pour permettre aux médecins de bénéficier de la première heure de stationnement gratuite s’ils justifient d’un minimum de 120 heures de visites par an ». Et si dans la ville du nouveau ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, les médecins ne sont pas tout à fait satisfaits de ce résultat, la situation reste problématique dans de nombreuses autres agglomérations. « Tout ceci va à l’encontre de toutes les politiques de santé menées pour le développement de l’ambulatoire, le retour précoce à domicile », ajoute le Dr Garrigou-Grandchamp.

De son côté, le président de l’UNPS, Daniel Paguessorhaye, dénonce le fait que, dans beaucoup de municipalités, « le stationnement a été confié à des entreprises privées.
Ce qui était toléré grâce au caducée s’est transformé en tolérance zéro». Il a, par ailleurs, sollicité un rendez-vous auprès du ministère de l’Intérieur pour régler ce problème au niveau
national.

Trouver une solution nationale

Le SML, qui avait lancé une campagne de protestation contre le stationnement payant lors du CMGF 2017 en distribuant un disque bleu militant aux médecins, doit rencontrer prochainement l’association des maires de France pour trouver une solution nationale. « On est dans une situation contre-productive alors même que les maires se plaignent qu’ils n’ont plus de médecins généralistes dans leur commune, déplore le président Philippe Vermesch. Les médecins en visite effectuent une mission de service public, au même titre que les pompiers ou les policiers».