Politique de santé

Pour l'accès aux soins, « nous avons des solutions mais pas de recette miracle », insiste la Cnam

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Publié le 21/09/2022
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Collaboration médecin-infirmier, développement de la télémédecine et de nouveaux modes d'exercices… Pour répondre aux besoins de santé de la population, les soins de proximités sont amenés à changer dans les prochaines années. Ce mercredi 21 septembre, plusieurs experts de la santé ont partagé leur vision sur l'avenir du système de soins à l'occasion d'un débat organisé par les Contrepoints de la Santé.

Crédit photo : Les Contrepoints de la Santé

Comment organiser la réponse aux besoins de santé de la population ? Alors que le système de soins français fait actuellement face à de nombreuses difficultés en raison notamment de la pénurie de médecins, plusieurs acteurs de la santé se sont réunis ce mercredi 21 septembre pour débattre de la question.

Réunis au café de Flore, à Paris, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à l'Assurance maladie, Jacques Battistoni, ancien président de MG France, Nathalie Fourcade, secrétaire générale du Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance maladie (Hcaam) et Daniel Guillerm, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) ont été interrogés sur de la façon de « rénover et structurer » l'offre de soins alors que « 11 % des Français sont actuellement sans médecin traitant ».

 Plusieurs leviers sont à actionner «- Marguerite Cazeneuve (Cnam)»

Pour la directrice déléguée de la Cnam, « il n'y a pas de recette miracle mais plusieurs leviers à actionner » pour libérer du temps médical aux médecins et ainsi mieux répondre aux besoins de santé de la population.

Une mobilisation interprofessionnelle

« Cela reposera sur la mobilisation de tous les acteurs et il y a beaucoup de choses à faire avec les médecins et les professionnels de santé », a-t-elle indiqué lors de son intervention.

Rappelant les dispositifs de collaboration interprofessionnelle déjà en place (Azalée, IPA, etc.), Marguerite Cazeneuve a plaidé en faveur des collaborations médecins-infirmiers soulignant « les compétences extraordinaires » de ces derniers pour aider les omnipraticiens.

Une idée partagée par Nathalie Fourcade et Jacques Battistoni, qui a insisté sur la nécessité pour les généralistes de travailler conjointement avec les infirmiers notamment pour renforcer « l'éducation thérapeutique » auprès des patients.

Par anticipation, Daniel Guillerm, s'est prononcé contre l'éventualité de salarier les infirmiers. Cela « ne va pas faire gagner de la visibilité au système », a-t-il insisté, alertant par ailleurs sur les risques de « fuite » des infirmiers hospitaliers vers la ville.

Au sujet des assistants médicaux, Marguerite Cazeneuve a fait part de la volonté de la Cnam de « libéraliser » le dispositif pour la prochaine convention.

« C'est un dispositif qui a montré son efficacité. Nous sommes déjà à 3 600 postes d'assistants médicaux créés et, d'ici la fin de l'année, nous aurons atteint l'objectif annoncé des 4 000 ! »

De son côté, Nathalie Fourcade a profité de son intervention pour rappeler la position du Hcaam en faveur du maintien en activité des médecins « au-delà de 65 ans ».

Centres de soins non programmés : Attention aux « fausses bonnes solutions »

Les organisateurs du débat ont également abordé le sujet des soins non programmés (SNP) soulignant la « multiplication à Paris de centres spécialisés dans les petites urgences ».

Sur ce point, Nathalie Fourcade, du Hcaam, a insisté sur la nécessité de les « réguler ». Rejointe par la suite par Marguerite Cazeneuve, qui a mis en garde sur toutes « les fausses bonnes solutions » qui émergent pour répondre aux soins non programmés.

« Si tout le monde se met à faire des soins non programmés on finit par dérégler l'ensemble du système. Ce modèle-là ne peut pas être la norme » , a-t-elle soutenu.

« L'Assurance maladie a à cœur de permettre à tous ses assurés d'avoir un médecin traitant (...) Pour n'importe quel type d'urgence, il sera toujours préférable de passer par son médecin de famille car c'est lui qui connaît le mieux son patient », a-t-elle ajouté dans la foulée.

Le Conseil national de la refondation, un énième outil de communication ?

Interrogés sur leurs attentes en vue du lancement du Conseil national de la refondation (CNR) le 3 octobre prochain, certains des intervenants ont fait part de leur scepticisme.

À l’instar de Jacques Battistoni : « Au moment de l'annonce j'ai questionné le ministre de la Santé, François Braun, sur l'intérêt d'organiser une énième conférence. Je lui ai rappelé que nous avions déjà tous les outils pour agir ».

« Évidemment, cela peut-être une bonne chose si des objectifs sont fixés et si des moyens sont mis sur la table pour les atteindre », a nuancé le généraliste à la retraite.

À son tour, le Hcaam, représenté par Nathalie Fourcade, a exprimé sa volonté « d'apporter sa pierre à l'édifice » avec son rapport publié quelques semaines auparavant.

Selon Marguerite Cazeneuve, « une des priorités du CNR sera de couvrir le territoire de CPTS ». « C'est l'aboutissement d'un système de santé qui fonctionne bien », a-t-elle soutenu rappelant la nécessité de profiter de ce temps de concertation pour bâtir une « coalition des forces ».


Source : lequotidiendumedecin.fr