Pourquoi SOS Médecins effectue un arrêt total d'activité de 24 heures

Par
Publié le 27/09/2021
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : GARO/PHANIE

Ils sont en grève. La fédération d'associations de médecins libéraux SOS Médecins a annoncé dimanche 26 septembre un « arrêt total » de l'activité pendant 24 heures, à partir de ce lundi 8 heures pour « alerter les Français sur la disparition programmée de la visite à domicile ».

Le mouvement est soutenu par les 63 associations de SOS Médecins. Sont incluses : les visites à domicile, les consultations et les régulations en centre de téléconsultation.

Un secret bien gardé

La fédération avait décidé début septembre d'appeler ses adhérents à une journée d'action afin d'obtenir une augmentation du tarif des visites à domicile, prévoyant d'en révéler la date au dernier moment pour éviter que « le mouvement soit tué dans l'œuf » par des réquisitions précoces.

« Depuis plus de 15 ans, les moyens alloués à la visite à domicile sont insuffisants au regard des besoins des Français et du vieillissement de la population », estime SOS Médecins dans son communiqué, notant à titre d'exemple que « l'indemnité de déplacement de 10 euros pour les visites de jour n'a pas évolué depuis 15 ans ».

La visite à domicile en danger

La fédération déplore que « la conséquence principale de cette dévalorisation de la visite (soit) un désengagement croissant des médecins généralistes de cette pratique ». Selon elle, « la visite à domicile est en danger ».

L'organisation est très remontée contre l'accord signé fin juillet par les syndicats de médecins libéraux et l'Assurance maladie, qui étend la visite longue (70 euros), uniquement au profit des médecins traitants, lesquels se déplacent chez leurs propres patients. Créé en 1966, SOS Médecins regroupe 1 300 médecins généralistes et revendique environ trois millions de visites à domicile chaque année.

En attendant la convention ?

Au téléphone, le Dr Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins développe la stratégie de cette journée de grève. « Nous nous sommes mis en colère car nous échappons totalement aux premières revalorisations de la visite depuis quinze ans, ce qui paraît fou et prodigieux quand on sait que nous en réalisons trois millions par an : celles du quotidien, lesquelles sont urgentes et uniquement réalisées par nos médecins ! C’est l’iniquité de traitement entre les généralistes en cabinet et ceux de SOS Médecins qui est le cœur de notre revendication. Nous aurions aimé être associés aux concertations en amont des négociations de l’avenant 9. »

Quelle serait la solution ? « Soit réécrire un nouvel avenant, soit déclencher d’autres mesures. C’est possible, on l’a bien vu avec la crise Covid-19… mais on nous renvoie sur la prochaine rédaction de la convention en 2023… ce qui est trop loin pour nous », explique le généraliste. Avant de regretter : « nous avons des rendez-vous avec la Cnam et le ministère de la Santé, mais pour l’instant, rien ne peut nous satisfaire. Les propositions ne sont pas concrètes ».

Un mouvement reconductible

Si le mouvement est reconductible, comme l'a confirmé le président de SOS Médecins, certains médecins, eux, continueront à être mobilisés. « Demain matin, toutes les structures reprendront les consultations, mais certaines ne feront pas de visite avant que ça ne bouge. »

Quid d'une adhésion de toutes les antennes territoriales ? « Chez nous, la motion a été votée à l’unanimité. Sur les réseaux sociaux, les commentaires négatifs résultent d’une mauvaise connaissance de ce que nous faisons au quotidien. La démarche consiste à sauvegarder un acte médical qui risque de disparaître… au bénéfice des patients. Nous avons voulu alerter et montrer ce qu’il se passe quand SOS ne décroche pas. Si rien ne bouge, c’est notre modèle qui va bouger et ça aura des conséquences. »

Contactées, quelques figures locales de SOS Médecins n'ont pas souhaité réagir à nos questions.

Sur les réseaux sociaux, les généralistes divisés

Sur Twitter, l'initiative fait débat. Certains médecins ont réagi négativement à cette action.


Source : lequotidiendumedecin.fr