Guérir le corps et l’esprit par une simple apposition des mains du praticien sur l’ensemble du corps et de la tête du patient. Voici la promesse du Reiki, une méthode de soins non conventionnelle d'origine japonaise, fondée sur des soins dits « énergétiques ». Cette pratique de soins non réglementée, dans le viseur de la Miviludes, est aujourd’hui encore proposée sur la plateforme Doctolib…
L’an dernier, le leader de la prise de rendez-vous en ligne, a pourtant procédé à grand un ménage de printemps en bannissant de sa plateforme plusieurs milliers de professionnels de santé « bien-être » ne disposant pas de numéro RPPS ou Adeli. Depuis, seuls des professionnels de santé réglementés sont référencés sur la licorne.
Zone grise
Auditionné ce mercredi 20 mars en commission des affaires sociales du Sénat, Jean-Urbain Hubau, directeur général de la plateforme Doctolib, a assuré avoir fortement renforcé les contrôles et la modération. « Nous vérifions que tous les professionnels de santé qui sont sur notre plateforme ont des pratiques légales. Par exemple, ils ne peuvent pas mettre sur leur profil ou dans les actes qu’ils proposent des pratiques illicites. Tout ça est modéré par nos équipes », assure-t-il. Typiquement, « si un ostéopathe propose de l’acupuncture, c’est directement modéré », a illustré Camille Vaziaga, directrice des affaires publiques, également auditionnée.
Reste que, malgré ces contrôles, des activités éloignées de la médecine grouillent encore sur la plateforme. « Des pratiques de soins non conventionnelles non réglementées, comme le Reiki par exemple, sont assez répandues, a admis Jean-Urbain Hubau. C’est à la fois apprécié par beaucoup de patients et pratiqué dans certains hôpitaux. Ces actes ne sont pas explicitement interdits par la loi, il est donc difficile pour nous de les modérer ».
Ce n’est pas à Doctolib de faire le tri entre ces pratiques, c’est un débat qui nous dépasse largement
Camille Vaziaga, directrice des affaires publiques, de Doctolib France
Face à cette « zone grise », les équipes de Doctolib ont l’an dernier demandé aux autorités un cadre légal listant explicitement les pratiques de soins non conventionnelles à bannir. « Ce n’est pas à Doctolib de faire le tri entre ces pratiques, c’est un débat qui nous dépasse largement, recadre Camille Vaziaga. Tant que nous n’avons pas cette liste, difficile pour nous de modérer ! »
Une façon de renvoyer la balle au gouvernement, aux Ordres professionnels et même à la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) avec qui des discussions ont été engagées. « On nous répond que c’est très difficile à faire (…) mais nous pensons que c’est tout à fait faisable, affirme la représentante de Doctolib. Si on est capable de dire qu’un ostéopathe ne peut pas transpercer la peau, on doit être capable de dire aussi qu’il ne peut pas dialoguer avec l’âme de son patient ! » Selon Jean-Urbain Hubau, ce sujet qui nourrit de récurrentes polémiques devrait revenir sur la table dans les prochains mois.
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