Cancérologie

Première immunothérapie dans le cancer des voies biliaires

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Publié le 16/03/2023
Associé à un mauvais pronostic, le cholangiocarcinome bénéficie désormais de plusieurs innovations thérapeutiques. En témoigne l’association à la chimiothérapie standard d’une immunothérapie en première ligne. Des thérapies ciblées font également l’objet de développements cliniques. Premier bilan.

Après plus de dix ans de calme plat dans le traitement du cholangiocarcinome, le vent se lève avec enfin des succès inédits. Là encore, l’immunothérapie est à l’origine de ces avancées thérapeutiques. En décembre dernier, la Commission européenne a octroyé à Imfinzi® (durvalumab, laboratoires AstraZeneca) en association avec une chimiothérapie à base de gemcitabine/cisplatine une nouvelle indication dans cette pathologie au pronostic sombre. C’est à ce jour la première immunothérapie et la seule à pouvoir être prescrite en première ligne de traitement.

Imfinzi®

Imfinzi® est un anticorps monoclonal humain anti-PD-L1 qui bloque les interactions entre PD-L1 et à la fois PD-1 et CD 80. Les patients éligibles à cette innovation thérapeutique devront être atteints d’un cancer des voies biliaires (cholangiocarcinome, carcinome de la vésicule biliaire, carcinome de l’ampoule de Vater) non résécable ou métastatique. L’approbation repose sur les données positives de l’essai de phase III Topaz-1, publié en 2022 dans The New England Journal of Medicine. Réalisée en double aveugle, l’étude multicentrique avait pour critère principal la survie globale (SG). La survie sans progression (SSP), le taux de réponse objective (TRO) et la tolérance constituaient les critères secondaires. Résultat principal, le risque de décès était réduit de 20 % par rapport au placebo associé à la chimiothérapie standard. Surtout le bénéfice tend à s’accroître dans le temps. À 24 mois, deux fois plus de patients qui ont reçu cette alternative thérapeutique étaient encore en vie, comparés à ceux traités par le traitement standard. Sur le plan de la tolérance, l’ajout du durvalumab n’a pas entraîné d’augmentation du taux d’arrêt de traitement lié à la survenue d’effets indésirables.

L’enjeu de ce nouveau traitement est d’autant plus significatif que seules deux lignes thérapeutiques sont validées en cas d’absence d’altération ciblable. Or « la majorité des patients n’ont pas d’altération moléculaire leur permettant d’accéder à d’autres traitements de type thérapie ciblée », note le Pr Cindy Neuzillet, oncologue digestif à l’Institut Curie de Saint-Cloud.

Altérations moléculaires mises en évidence

La recherche avance toutefois dans le domaine. Et plusieurs altérations moléculaires ont été mises en évidence, à l’image des mutations d’IDH1 et les fusions de FGFR2. En février dernier, le CHMP (Committee for Medicinal Product for Human Use) a émis un avis positif et recommandé l’autorisation de mise sur le marché de Tibsovo® (ivosidénib, laboratoires Servier), un inhibiteur de l’enzyme isocitrate déshydrogénase-1 (IDH1) dans le cholangiocarcinome localement avancé ou métastatique avec mutation IDH1 et précédemment traité avec au moins une ligne de traitement systémique. L’avis positif s’appuie sur les résultats de l’étude ClarlDHy.

En attendant une prochaine commercialisation, dès à présent, Pemazye® (pemigatinib, laboratoire Incyte Biosciences) peut être prescrit. Il est réservé aux patients qui présentent une fusion ou un réarrangement du gène FGFR2. Cette anomalie est retrouvée dans 10 % à 15 % des cholangiocarcinomes intrahépatiques. Un autre traitement qui s’attaque à la même cible, Lytgobi® (futibatinib, laboratoire Taiho) a été approuvé aux États-Unis.  

Enfin, un article publié dans le Bulletin du Cancer en décembre dernier recense d’autres mutations de gènes retrouvées dans les cancers des voies biliaires. Ce qui ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. Avec l’espoir, à terme d’un pronostic moins sombre ?  


Source : lequotidiendumedecin.fr