Campagne présidentielle 2022

Santé des personnes précaires, Médecins du monde tire la sonnette d'alarme

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Publié le 31/03/2022

Le constat dressé par Médecins du monde de la santé du gouvernement vis à vis des exclus est accablant, à moins de dix jours du premier tour de l'élection présidentielle. « La santé des exilés qui sont exclus par la volonté politique de ne pas faire est du ressort du ministère de la Santé et des ARS et pas du ministère de l'Intérieur », s'indigne Carine Rolland, présidente de Médecins du monde lors d'une conférence de presse tenue à leur nouveau siège le 28 mars dernier. Les personnes en situation irrégulière se fragilisent de plus en plus. « Les exilés [à Calais et à Grande Synthe] ont enduré tellement de violence et d'atrocités qu'elles basculent dans la consommation d'alcool et de drogues », déplore Carine Rolland.

Arrêté de non-distribution alimentaire

Autre symbole de cette politique de non-accueil qui tourne à la maltraitance selon MDM, les préfets publient des arrêtés de non-distribution alimentaire (le vingtième depuis septembre 2020) autorisant la verbalisation des associations qui viennent en aide aux exilés. Outre la situation sanitaire gravissime de ces populations, Médecins du monde s'inquiète des difficultés à réorienter toutes les personnes précaires (personnes âgées vivant seules, SDF, étudiants pauvres....) dans le droit commun. A cause de toutes les entraves administratives mises en place par les gouvernements successifs, le non recours aux soins selon MDM est situé aux alentours de 60 à 70% (49% selon un rapport de l'Igas). Ainsi, les critères pour intégrer l'AME ou la Puma ont été durcis considérablement ces dernières années. Conséquence, la présidente de MDM Carine Rolland demande que soit défendu collectivement un accès facilité à un système de santé publique de qualité. Retrouvez ici la publication de MDM pour découvrir l'ensemble des propositions.

Remise en cause du cadre juridique des expulsions

Preuve de cette maltraitance publique, le préfet du Pas-de-Calais vient d'être condamné  pour le démantèlement d'un camp de migrants en septembre 2020. Il avait été assigné, en décembre 2020, par onze exilés et huit associations de défense des migrants – dont le Secours catholique et l’Auberge des migrants. Le représentant de l'Etat a été condamné pour s’être affranchi de l’autorité judiciaire sur la zone dite « du Virval », où campaient plus de 800 candidats au passage en Grande-Bretagne, une décision qui remet en cause le cadre juridique de nombreuses expulsions selon les plaignants. La préfecture a quinze jours pour contester cet arrêt de la cour d’appel de Douai (Nord). Signe de cette non-volonté politique, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné jeudi la France pour avoir placé en rétention administrative un enfant géorgien de huit ans, ainsi que ses parents, durant 14 jours avant leur renvoi dans leur pays, fin 2020.

 

MDM

Source : lequotidiendumedecin.fr