Euthanasie

Sur la fin de vie, le débat ne fait que commencer

Publié le 22/02/2013
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Après la publication du rapport Sicard et avant l’avis du Comité d’éthique en avril, l’Ordre s’est invité la semaine dernière dans le débat sur la fin de vie en se prononçant pour une « sédation terminale ». Un petit pas en avant qui inquiète les autorités religieuses.

C’est une première pour l’Ordre des médecins. Jusque-là silencieux dans le débat sur la fin de vie, l’institution a pris position la semaine dernière. Dans un avis, adopté à l’unanimité moins une voix mais à la surprise générale, le CNOM estime que pour certaines « agonies prolongées ou pour des douleurs psychologiques et/ou physiques incontrôlables » la loi Leonetti n’offre pas de solution. C’est donc pour pallier ce vide juridique que l’institution estime qu’une « sédation adaptée, profonde et terminale du patient doit pouvoir être délivrée par un collège médical ». Le CNOM propose que ce dernier soit composé « surtout de professionnels de santé » qui ne suivraient pas nécessairement le patient afin de pouvoir dégager un avis extérieur. Tous les éléments ayant contribué à cet avis devront être enregistrés dans le dossier du patient, précise l’avis intitulé « Fin de vie, assistance à mourir ».

Cette proposition, plutôt audacieuse de la part de l’Ordre, va en réalité dans le même sens que le rapport Sicard publié il y a deux mois. Remis en décembre à François Hollande, le texte déplorait le mésusage de la loi Léonetti et suggérait d’aller un peu plus loin en autorisant la « sédation terminale ». Comme le Pr Sicard, Michel Legmann, président de l’Ordre ne recommande la légalisation ni de l’euthanasie, ni du suicide assisté.

Quelle loi pour juin ?

L’Élysée et désormais le ministère de la Santé en charge du dossier, reprendront-ils à leur compte ces demandes d’évolution de la loi Léonetti ou iront-ils plus loin ? Pour l’heure, l’Eglise catholique, par la voix de son spécialiste des questions éthiques, Mgr Pierre d’Ornellas, le week-end dernier, s’inquiète déjà à la perspective d’une légalisation « soft » de l’euthanasie. Dans ce contexte, l’avis du Comité Consultatif National d’éthique (CCNE) prévu pour avril sera très attendu, avant un projet de loi qui devrait être présenté au Parlement en juin prochain.

Caroline Laires-Tavares, caroline laires-tavares@gpsante.fr

Source : Le Généraliste: 2633