Un généraliste corse monte au front pour défendre le "non substituable"

Publié le 25/02/2015

« Arbitraire, inquisitoire, infamante. » C’est ainsi que le Dr François Benedetti qualifie la procédure engagée par l’Assurance-maladie. Exerçant dans le Fiumorbu, région située sur la côte est de l’Île de Beauté, entre Bastia et Porto-Vecchio, ce généraliste se voit reprocher de trop nombreuses prescriptions médicamenteuses « non substituables » (NS). Tout comme 619 autres médecins dans l’Hexagone, il doit justifier auprès de sa caisse primaire un certain nombre d’ordonnances faisant apparaître la mention NS. Pour chacun des 40 princeps prescrits entre février et avril 2014, le médecin a expliqué, de façon manuscrite, les raisons l’ayant incité à recourir à la formule NS. En guise de réponse, « le médecin conseil de l’Assurance-maladie s’est contenté d’un tampon dans la case qui lui était réservé », sans autre explication.

Vendredi dernier, François Benedetti était convoqué par le médecin chef de la CPAM de Bastia. Cette phase orale venait couronner « une procédure d’exception où quand on rentre, on est coupable », considère le généraliste. À ses yeux, « la confrontation était brutale dans les termes » et « la personne en face faisait une application purement administrative, se contentant de chercher à savoir pourquoi telle prescription de générique ». Fort de quarante d’expérience, François Benedetti rappelle « l’indépendance des médecins dans l’intérêt de leur patient ». Et d’ajouter que la prescription de génériques ne peut se faire que par l’expérience, compte tenu de leur efficacité et de la tolérance des patients.

À l’issue de trois heures d’entretien, François Benedetti raconte être « resté dans le bureau car je ne veux pas que mes confrères subissent la même humiliation ». Car, au-delà de son cas particulier, c’est le sort des autres médecins poursuivis qui l’intéresse. « J’ai demandé le retrait de l’ensemble des procédures engagées », explique celui qui, à 67 ans, est « préoccupé par l’avenir de la profession ». Il a finalement quitté les lieux en fin d’après-midi, après avoir obtenu la promesse d’un rendez-vous avec le médecin chef de la Caisse nationale d’Assurance-maladie. « J’ai tous les éléments pour prouver que ces procédures sont illégales », assure-t-il. Dès lors que le Code de la santé publique autorise la prescription NS, comment déterminer les pratiques abusives, s’interroge-t-il. Il pourrait obtenir des éléments de réponse jeudi 5 mars, date à laquelle il a rendez-vous à la CNAM.


Source : lequotidiendumedecin.fr