Comme l'avait annoncé Marie-Paule Kieny dans un entretien à Décision & Stratégie Santé, le vaccin Spoutnik se révèle d'une grande efficacité. Selon les résultats publiés par la revue britannique The Lancet, il protégerait contre les formes symptomatiques du Covid-19 dans 91,6 % des cas, très proches des résultats des vaccins Pfizer-BioNtech (95 %) et Moderna (94 %) et loin devant les performances du vaccin développé par AstraZeneca (70 %) qui utilise la même technologie. Si la presse française a reproduit ces données sans analyse critique, ce n'est pas le cas de l'autre côté de l'Atlantique. Evaluate, une société américaine, pointe les zones d'ombre de l'étude. Elle relève ainsi la survenue de deux décès associés à la Covid-19 dans le groupe de sujets vaccinés. Selon les auteurs russes, les patients en dépit d'un test PCR négatif n'auraient pas été dépistés avant l'administration de la dose de vaccin. Ce qui expliquerait leur décès très rapide, quelques jours seulement après l'injection.
Autre interrogation, le vaccin russe a recours à deux adénovirus différents. La première dose repose sur Ad26 recombinante alors que la seconde, 21 jours plus tard utilise rAd5. Les scientifiques russes justifient cette combinaison afin d'obtenir une réponse immunitaire plus puissante qu'avec un même vecteur administré deux fois. Est-ce l'explication de la différence de réponse entre les vaccins AstraZeneca et Spoutnik ? En tout cas, l'analyse d'Evaluate ne décèle pas dans cette stratégie un avantage compétitif clair.
La guerre froide n'est donc pas terminée. Et peut connaître de nouveaux épisodes par l'intermédiaire de controverses scientifiques. Ce qui, il est vrai, est moins dangereux pour la paix mondiale.
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