Pour la deuxième édition de son Congrès, l'ordre des médecins avait encore une fois tapé très fort. Après Francois Hollande l'année dernière, c'est cette année le premier ministre Manuel Valls qui était venu s'exprimer devant les ordinaux. Mais un an après, la situation ne s'est pas arrangée et les médecins sont plus que jamais remontés contre le gouvernement. Alors, quand à l'annonce de l'absence de Marisol Touraine des huées sont montées dans la salle on pouvait s'attendre à ce que le débat devienne carrément houleux.
Mais immédiatement Patrick Bouet a rappelé à l'ordre la salle demandant à ce que la discussion se fasse dans le respect. A Manuel Valls, le président de l'ordre a rappelé le profond malaise qui était celui des professionnels de santé aujourd'hui. "On ressent un décalage entre l'excellente image qu'ont les médecins auprès des patients et celle qu'ils ont auprès des politiques". Rappelant que la position de l'ordre n'a jamais bougé sur la loi de santé depuis 2013, Patrick Bouet a redit ce principe, pour lui, fondamental :"soigner ne sera jamais un acte financier". Mais, conscient que le débat ne peut pas s'arrêter à la loi de santé, le président du Cnom a appelé à " dépasser les clivages pour servir l'intérêt général ... Car demain concentre les orages et les défis". Sur les trois enjeux de demain que sont à ses yeux " les conditions d'exercice" "l'organisation territoriale des soins" et " la formation", Patrick Bouet a redit les grandes attentes des médecins et de conclure à l'adresse du premier ministre : "ne les décevez pas !"
Sentant sans doute qu'il était en terrain miné, le premier ministre est resté très prudent dans son discours, évitant d'évoquer d'emblée et de manière trop frontal les sujets qui fâchent. Rendant hommage aux médecins, il a reconnu des " conditions d'exercice plus difficiles qu'avant" avec pour cause des enjeux comme la sécurité, la complexification administrative ou le consumérisme médical. Sur les sujets qui fâchent, et surtout la loi de santé, le premier ministre s'est défendu d'une "caricature d'étatisation" pour parler plutôt d'une " protection de notre modèle". Evidemment, il a défendu une nouvelle fois le TPG mais rappelé qu'il défendait une méthode : "le dialogue", un dialogue qui pour lui " n'a jamais été rompu".
Préférant visiblement ne pas s'éterniser sur les sujets polémiques, il a en revanche parlé des débats à venir et notamment de la Grande Conférence de santé qui se tiendra finalement le 11 février. Un rendez-vous qu’a priori la plupart des syndicats de médecins libéraux devraient boycotter. Et de confirmer que la formation, la recherche et l'amélioration des parcours professionnels seront notamment en tête des sujets discutés au début de l'année 2016. Il s’est aussi félicité du « tour de France de l'innovation » de Marisol Touraine et Thierry Mandon (le ministre de la recherche) pour populariser la recherche et les innovations médicales made in France. Enfin, il a abordé les négociations conventionnelles à venir pour lesquelles il dit s’attendre à " des désaccords ". Tout en assurant :"nous resterons cependant ouverts au dialogue"…
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