Relocalisation

Vingt-cinq médicaments essentiels produits en France

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Publié le 15/06/2023
Le plan de relocalisation de médicaments essentiels produits dans l’Hexagone est désormais entré en phase active. Au-delà d’une liste de 450 produits, l’effort est concentré dans un premier temps sur 25 d’entre eux. Décryptage.
Emmanuel Macron, sur le site du laboratoire pharmaceutique Aguettant à Champagne (Ardèche), le 13 juin 2023.

Emmanuel Macron, sur le site du laboratoire pharmaceutique Aguettant à Champagne (Ardèche), le 13 juin 2023.
Crédit photo : AFP

« Nous avons inversé le sens de l’histoire », s’est félicité Emmanuel Macron lors d’un déplacement en Ardèche, consacrée à l’annonce d’un plan de relocalisation de la production de médicaments dans l’Hexagone. Retour en arrière, la France, le premier pays producteur de médicaments en Europe a glissé à la cinquième place en dépit de nombreuses alertes. Au-delà de la France, la problématique touche l’ensemble des pays européens. 40 % des médicaments du Vieux Continent sont importés. La pandémie Covid a toutefois servi d’électrochoc. Les Français ont alors saisi leur extrême dépendance face à la Chine et l’Inde. À partir d’une liste de 450 médicaments essentiels, une cinquantaine en a été extraite. Encore plus resserrée, une revue de 25 médicaments devra être produite en France.

Antibiotiques, paracétamol

Sont concernés des antibiotiques qui ont connu une pénurie cet hiver comme l’amoxicilline, mais aussi la ciprofloxacine et bien sûr le paracétamol. Les médicaments de l’urgence et de la réanimation bénéficient d’un effort tout particulier, à savoir, la morphine, le fentanyl, le propofol, le midazolam, le clonazepam. Le rocuronium, le suxamethonium, les curares qui ont permis de pointer notre dépendance lors des premières semaines de la pandémie, seront donc à terme également fabriqués en France. Les médicaments prescrits en médecine générale ne sont pas oubliés comme le furosémide, le clopidogrel, l’esoméprazole, le salbutamol et la méthylprednisolone. Enfin, la production d’anticancéreux depuis longtemps génériqués devrait être rapatriée dans l’Hexagone comme le topotecan, le busulvan, la fludarabine, le paclitaxel et l’oxaliplatine. Au-delà des premiers projets annoncés, un guichet dédié à ces médicaments essentiels dispose d’une enveloppe de 50 millions d’euros. Des nouveaux projets d’extension de capacité ou de relocalisation seront ainsi aidés. Seront aussi financés des nouveaux procédés de production innovants et décarbonés.

Les pénuries vont se poursuivre

Ce n’est toutefois pas la fin de l’histoire. La relocalisation de quelques produits pharmaceutiques ne suffira pas à prévenir de nouvelles pénuries qui relèvent de facteurs multiples. En cas d’absence de médicament essentiel dans les comptoirs de pharmacie, « un plan blanc du médicament, activable en cas de crise majeure sera développé, comme on sait le faire pour nos structures », a confirmé Emmanuel Macron. Le processus de réindustrialisation doit s’accompagner du « juste prix du médicament. Le médicament ne doit pas être la variable d’ajustement du budget de santé […]. On veut donner une visibilité et avoir une politique industrielle. Pour le faire, il faut payer pour l’innovation, payer pour relocaliser. C’est le coût à payer pour redevenir indépendant », selon les mots du président de la République.

Premier acte concret, François Braun, ministre de la Santé, lors de son audition devant la commission des affaires sociales du Sénat le 14 juin, ouvrant la porte à des hausses de prix de médicaments génériques. Elles étaient réclamées depuis longtemps par les industriels. Seule condition posée par le ministre, cette augmentation doit « être justifiée et documentée ». Et de s'adresser directement à eux : « Amenez-nous des éléments de transparence pour voir quel est le prix de production réel » des médicaments dits matures, qui concentrent l'essentiel des difficultés d'approvisionnement.

Le message n’a toutefois pas été reçu au niveau du G5 Santé qui regroupe les principaux laboratoires français. Didier Véron, président de G5 santé « appelle à la création d’un fonds de souveraineté sanitaire, en dehors de l’enveloppe médicament, afin de financer des niveaux de prix compatibles avec le Made in France ». Le bras de fer avec l’industrie pharma débuté lors de la LFSS 2023 n’est toujours pas terminé.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr