Edito

Y a-t-il un militaire dans la salle ?

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Publié le 15/03/2018
visuel armée

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Crédit photo : U.S. ARMY/SPL/PHANIE

La cause est entendue. L’armée exige un plus grand effort de la part de la Nation que la santé. Les menaces à l’extérieur de nos frontières mais aussi à l’intérieur se multiplient. L’augmentation du budget des armées de 1,7 milliard par an jusqu’en 2022, puis de 3 milliards à partir de 2023 n’a pas fait débat dans l’opinion. En revanche, Agnès Buzyn a annoncé le 9 mars dernier subrepticement que la grande réforme de l’hôpital se réalisera à budget constant. La France serait-elle malade de sa santé ? Le déficit des hôpitaux publics se creuse dangereusement. La souffrance des soignants n’est plus un tabou. Mais les dépenses ne dépasseront pas les crédits prévus par l’Ondam. La pertinence des actes, un financement qui ne reposerait plus sur la seule T2A jugée avec raison inflationniste seraient entre autres les réponses aux difficultés actuelles. Des groupes de travail apporteront leur solution avant l’été. Rompez le rang. Mais comment changer d’époque, transformer les organisations, investir dans l’avenir avec pour seule énergie le dévouement des personnels ? Agnès Buzyn est-elle condamnée à être la ministre des Comptes ? Marisol Touraine est à cet égard indépassable… à condition d’accepter d’être confronté à l’apparition de nouvelles inégalités. Sur la question des médicaments innovants, l’ancienne ministre de la Santé a souvent pratiqué le rationnement sans jamais le dire mais tout en le sachant. Pour mieux le dissimuler aux regards indiscrets, Marisol Touraine l’a habillé du voile transparent de l’évaluation scientifique. Ce qui soulève désormais l’irritation des professionnels.

Au final, des Français face au cancer sont plus égaux que d’autres. Certains d’entre eux bénéficieront de nouveaux traitements parce que les centres de soins acceptent de les payer sur leur budget, quitte à aggraver les déficits. D’autres pas et décéderont. Hôpital silence ! brisé par quelques professionnels. « C’est à chaque fois un crève-cœur », reconnaît le patron d’une grande institution. Dans le même temps, dans la Nation qui se qualifie de start-up, les talents innovants sont bridés. Pas de quoi pour autant faire trembler les ors de la République. Le secrétaire général du rapport Attali rédigé en 2008, un certain Emmanuel Macron, avait pourtant écrit en 2008 que « le secteur de la santé ne constitue pas une charge mais un moteur de croissance ». Chiche ? Mais peut-être faudrait-il alors demander au général Pierre de Villiers démissionnaire en juillet dernier parce que réclamant de nouveaux moyens pour l’armée de plaider la cause de la santé au président de la République ?


Source : lequotidiendumedecin.fr