Alcool, tabac, cannabis : les usages reculent fortement chez les adolescents

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Publié le 25/01/2024
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Crédit photo : Voisin/PHANIE

Quatre ans après la première édition, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) publie les résultats de la deuxième enquête nationale EnClass menée auprès de 9 566 collégiens et lycéens par l’association éponyme. Il en ressort une diminution continue des niveaux d’usage et un âge moyen de la première expérimentation plus tardif.

La consommation d’alcool est en baisse, puisque moins de la moitié des collégiens (43,4 %) déclare y avoir eu recours en 2022, contre 60 % en 2018. En sixième, 26,9 % des enfants disent avoir déjà expérimenté l’alcool. En terminale, cette proportion passe à 73,9 %. Entre ces deux extrêmes, le taux d’expérimentation augmente. Dans le même temps, les épisodes d’alcoolisation ponctuelle importante semblent courants chez les élèves français : ils concernent 14,6 % des élèves de quatrième et troisième, et 34,5 % des lycéens. Cette donnée « traduit la place encore spécifique de l’alcool chez les plus jeunes », écrivent les auteurs de l’enquête.

La consommation de cigarettes a presque diminué de moitié en quelques années : passant de 21,2 en 2018 à 11,4 % en 2022. Comme pour l’alcool, l’expérimentation du tabac augmente au fil des ans : de 4,6 % en sixième à 30 % en classe de seconde.

En ce qui concerne le cannabis, la prévalence de l’expérimentation a légèrement reculé (5,3 % en 2022 contre 6,7 % en 2018). La diffusion s’étend sensiblement lors du passage au lycée, où 16,2 % des élèves de seconde disent en avoir déjà consommé et près d’un élève sur trois en terminale (31,2 %).

Si ces chiffres semblent rassurants, il n’en demeure pas moins vrai que « l’adolescence reste une période charnière pour l’expérimentation de ces substances, avec des usages qui progressent au cours de la période scolaire », soulignent les auteurs dans leur conclusion.

L’alcool et le tabac trop accessibles

Pour la moitié des élèves de terminale interrogés, il est très facile de se procurer de l’alcool et des cigarettes s’ils le souhaitent. C’est également le cas d’un élève sur cinq en classe de troisième. L’accessibilité du cannabis est perçue comme nettement plus difficile : au collège, seuls 3,8 % des élèves de quatrième et 6,8 % des élèves de troisième estiment qu’il leur serait aisé de s’en procurer.

Pour une majorité de collégiens (64,5 % des élèves de quatrième et 53,3 % de ceux de troisième), il est impossible de se procurer du cannabis. En revanche, dès l’entrée au lycée, le sentiment d’accessibilité progresse sensiblement : les lycéens de seconde sont 12,3 % à estimer qu’il leur serait très facile d’en obtenir, soit près de deux fois plus que parmi les élèves de troisième.

Cigarette électronique chez les lycéennes

La cigarette électronique opère une véritable percée puisque son usage quotidien concerne désormais 1,4 % des collégiens, autant que le tabac. Au lycée, l’usage quotidien d’e-cigarette est passé de 2,8 % en 2018 (selon l’étude Escapad) à 3,8 % en 2022. Pour la première fois, son utilisation dépasse celui de la cigarette.

« Le tassement de l’expérimentation de la cigarette électronique chez les lycéens est contrecarré par des usages quotidiens qui progressent sensiblement, notamment chez les lycéennes, dont les niveaux d’usage sont aujourd’hui comparables à ceux des garçons », précisent les auteurs.

De plus en plus d’enfants ne consomment rien

La diminution des expérimentations de tabac, d’alcool et de cannabis se traduit par une forte augmentation de la part des élèves qui n’ont expérimenté aucune de ces trois substances à la fin du collège : 44,2 % contre 25,8 % en 2018. La part des lycéens qui, lors du dernier mois, n’ont consommé ni tabac, ni alcool, ni cannabis a également sensiblement augmenté de 13 % entre 2018 et 2022.

Les substances illicites autres que le cannabis voient également leur consommation refluer au lycée : 6,6 % en 2022 contre 8,1 en 2018. Quelques substances comme le GHB ou les champignons hallucinogènes sont plus consommés qu’avant, mais restent à des niveaux d’expérimentation modestes. Pour la première fois, l’étude EnClass rapporte des données relatives à la prévalence de l’expérimentation de poppers (8,12 %) et de protoxyde d’azote (5,4 %).

Les investigateurs espèrent que cette édition de EnClass et celles qui vont suivre permettront d’adapter les actions de prévention et de promotion de la santé aux besoins des adolescents.


Source : lequotidiendumedecin.fr