Cannabis, cannabinoïdes de synthèse, nouvelles substances psychoactives

Des causes d’ischémie encore mal connues

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Publié le 13/11/2018
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Crédit photo : phanie

Plantes, médicaments, nouvelles substances psychoactives (NPS pour new psychoactive substances) : le recours à des drogues dites « récréatives » connaît une forte explosion, notamment chez les adolescents, favorisée par la diffusion des informations et la possibilité d’achat sur internet. 

Des intoxications à risque cardiovasculaire, même chez les plus jeunes

Or, l’inhalation de ces substances peut être responsable d’une ischémie myocardique qui s’explique par leur mode d’action commun : augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle systolique et diastolique, du débit cardiaque et de la consommation en oxygène.

La consommation de cannabis, dont la concentration en THC a été multipliée par 3 en 15 ans pour atteindre parfois aujourd’hui plus de 20 %, expose à un risque de syndrome coronaire aigu. Les complications cardiovasculaires liées au cannabis ne représentent que 2% des complications, mais leur mortalité est élevée, de l’ordre de 25 %.

L’impact cardiovasculaire de cette consommation chez les plus jeunes reste mal précisé, mais de plus en plus d’intoxications sont rapportées chez des enfants de moins de 10 ans, voire des bébés, le plus souvent après ingestion de restes de cannabis traînant à leur portée alors que les parents ne sont pas en état de les surveiller. En France, en 2014, près de 250 intoxications pédiatriques ont été notifiées, ayant nécessité une hospitalisation de plus de 24 heures dans près de la moitié des cas.

De multiples effets délétères

Les NPS, dont le nombre ne cesse de croître, ont des effets notamment sur les sphères neurologiques, respiratoires et cardiaques. Quant à l’usage des cannabinoïdes de synthèse, drogues chimiques généralement vapotées ou fumées après avoir été vaporisées sur des plantes sèches, il est de plus en plus répandu, mais de diagnostic difficile car ils sont indétectables dans les urines. Ils agissent comme agonistes des récepteurs aux cannabinoïdes de type CB1 et CB2 et entraînent une tachycardie, une augmentation de la pression artérielle et une baisse de l’apport en oxygène au myocarde. Ils peuvent être responsables de la survenue d’un angor chez des sujets très jeunes (âge moyen de 16 ans dans une étude sur 8 cas), la douleur thoracique pouvant être associée à une élévation ou à des anomalies du segment ST, mais le plus souvent sans élévation de la troponine. L’angiographie est généralement normale et la prise en charge de ces patients est symptomatique.

De nombreuses substances incriminées

Enfin, l’inhalation de produits volatils, qu’il s’agisse de diluants de peinture, de dissolvants, vernis, gaz propulseurs ou frigorigènes ou autre (on dénombre plus d’un millier de produits ménagers détournés de leur mission première) peuvent être à l’origine de spasmes coronariens, de troubles du rythme ventriculaire voire de mort subite. Plusieurs décès sont à déplorer chez de jeunes garçons préadolescents, dont l’addiction était passée inaperçue, car les effets de ces produits disparaissent rapidement après l’inhalation.

Au total, ces différentes intoxications ne sont pas rares – l’usage du cannabis a par exemple augmenté de 40 % au cours des dernières années - et les médecins doivent être en alerte face à un enfant, un adolescent ou un jeune adulte se plaignant de douleurs précordiales avec tachycardie et pression artérielle élevée, et ce d’autant plus que ces signes s’inscrivent dans un tableau d’anxiété, d’excitation, voire de confusion.

D’après la présentation lors du congrès du CNCF du Dr Milo-Daniel Drici, pharmacovigilance, université de Nice.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : lequotidiendumedecin.fr