UNE CORDE de plus à son arc n’est pas de trop pour le sevrage aux opiacés. «Il y a encore de gros besoins en addictologie, commente pour «le Quotidien» le Dr Sylvain Balester Mouret, addictologue à l’hôpital Beaujon (Paris). Les voies d’administration alternatives pourraient être utiles chez les toxicomanes. Le développement d’implants sous-cutanés de buprénorphine est une bonne chose. Aujourd’hui en pratique, la voie transdermique par patch n’est pas utilisée en France, quant à la voie sous-cutanée, elle fait encore partie du domaine de la recherche».
D’après une étude californienne, l’implant sous-cutané de buprénorphine pourrait être à l’avenir une nouvelle approche dans la toxicomanie. L’équipe dirigée par le Dr Walter Ling, à l’université de Californie, vient, en effet, de montrer que la consommation d’opiacés illicites était inférieure sur les 4, voire les 6, premiers mois de traitement. La compliance au suivi était multipliée par 2 et le risque de mésusage diminuée de fait par la voie d’administration.
Quatre implants étaient insérés.
L’étude a inclus 163 sujets toxicomanes aux opiacés sur 18 centres d’addictologie aux États-Unis. Selon une répartition 2/1, 108 ont été randomisés dans le groupe implant et 55 dans le groupe placebo. Afin que l’aveugle soit respecté, un matériel factice était utilisé chez les témoins. Une fois le sevrage induit par quelques jours de comprimés de buprénorphine-naloxone, quatre implants étaient insérés dans un même temps au niveau de la face interne du bras non dominant pour une durée de 6 mois. Il s’agissait soit de composés inertes pour le goupe témoin, soit de buprénorphine calibrée à 80 mg par unité. Des consultations régulières de soutien psycho-social étaient programmées une à deux fois/semaine. En cas de besoin, les patients pouvaient prendre des doses supplémentaires de buprénorphine-naloxone, en commençant par 4 mg et en augmentant par palier de 2 mg jusqu’à atteindre 12-13 mg/jour au maximum. Le traitement était délivré sous surveillance dans un centre, hormis les week-ends et jours fériés, pour lesquels une quantité suffisante pour trois jours maximum était donnée d’avance. Un cinquième implant pouvait être ajouté, si nécessaire.
Pour évaluer les rechutes, trois analyses urinaires étaient réalisées par semaine tout au long des 6 mois. Sur les 48 prélèvements des 4 premiers mois, près de 40% étaient testés négatifs dans le groupe implant versus 28,3% dans le groupe placebo. Sur les deux derniers mois, la différence était également significative entre les deux groupes. Près de 65,7% des patients du groupe actif n’ont pas eu de symptômes de manque nécessitant la sortie du protocole pendant les 6 mois d’étude. Tandis que 81,5% du groupe implant actif participaient toujours à l’étude à la semaine 16, ils n’étaient plus que 50,9% dans le groupe témoin. Même si l’implant s’est avéré plus efficace sur le sevrage, il n’en reste pas moins que plus de 50% des prélèvements urinaires sont revenus positifs dans le groupe actif. Il reste désormais à comparer l’implant aux méthodes de sevrage classiques avant d’envisager une utilisation plus large.
JAMA, volume 304, numéro 14, 1576-83, 13 octobre 2010.
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