Rencontres de la BPCO

Des malades de plus en plus jeunes

Publié le 11/07/2011
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DE NOTRE CORRESPONDANT

ENCORE trop mal connue du grand public en dépit de sa fréquence et de sa gravité, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) constitue pourtant un enjeu majeur de santé publique et pourrait devenir la 3e cause de mortalité dans le monde dans une dizaine d’années. Organisées à travers la France par la Fédération française des associations des insuffisants respiratoires (FFAAIR), avec le soutien des laboratoires Pfizer et Boehringer Ingelheim, les Rencontres de la BPCO visent à mieux sensibiliser la population à la maladie et à sa prévention, mais aussi aux moyens d’en limiter les conséquences.

Selon une formule désormais bien rodée, une de ces rencontres vient d’avoir lieu à Strasbourg, avec un pneumologue du CHU, le Dr Mathieu Canuet, et les présidents national et régional de la FFAIR. À l’issue de leurs exposés, l’auditoire a dialogué avec les intervenants, et plusieurs questions ont porté sur le problème des cas non liés au tabagisme, mais aux polluants chimiques et industriels, que l’on détecte désormais plus souvent qu’autrefois.

Plus préoccupant car plus fréquent, le problème du tabagisme précoce et du cannabis a ensuite nourri le débat : le Dr Canuet a rappelé ainsi que l’on commence à voir des cas de BPCO bien avancés à 35 ou 40 ans, soit dix à quinze ans plus tôt qu’autrefois, et que le phénomène risque de se poursuivre.

Ne pas s’isoler.

Même si la majorité de l’auditoire était constituée de personnes directement concernées par la maladie, personnellement ou chez un proche, cette après-midi de rencontres leur a permis de lancer des questions parfois différentes de celles qu’elles posent face à leur médecin, mais aussi de dialoguer autour d’aspects très quotidiens, comme le fait de sortir ou non en public avec son oxygène. Parler et ne pas s’isoler constitue d’ailleurs un aspect essentiel du traitement, comme l’a rappelé la présidente régionale de la FFAIR, qui organise chaque semaine chez elle des activités physiques et sociales très appréciées des malades.

« Nous aurions bien sûr préféré avoir beaucoup de jeunes dans le public, mais nous sommes néanmoins très contents de toutes les occasions qui nous sont données de nous faire mieux connaître », admet la FFAIR, qui poursuit ses efforts pour sensibiliser la population à cette maladie, dont l’un des dangers est justement de rester invisible pendant des années. Et si la Fédération plaide, très logiquement, pour « le paquet de cigarettes à 50 euros, voire, mieux encore, pour sa disparition », le pneumologue appelle, lui, les médecins à généraliser le dépistage précoce : l’examen spirométrique est aussi simple et rapide que la prise de tension artérielle et devrait être proposé beaucoup plus systématiquement en médecine générale, en particulier aux fumeurs, car seuls une prise en charge précoce et un arrêt absolu du tabac peuvent réduire ou enrayer les conséquences dramatiques de la maladie. Des réalités connues du public présent, mais qui doivent, par tous les moyens, être mieux diffusées dans la population générale.

DENIS DURAND DE BOUSINGEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8995