Tabac alcool, obésité en Alsace et Moselle

Des visites médicales de santé publique pour sensibiliser les médecins

Publié le 20/11/2014
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Héritage de l’histoire régionale, le Régime local est financé par une cotisation supplémentaire de 1,5 % sur les salaires, qui garantit aux assurés la prise en charge des soins hospitaliers à 100 %, des soins ambulatoires à 90 % et des médicaments à 80 ou 90 %. Géré depuis Strasbourg, il met en place des actions de prévention qui répondent aux grands défis de la santé dans la région : après s’être beaucoup investi face aux maladies cardiovasculaires et au cancer, il consacre désormais la majorité de ses ressources à la lutte contre le surpoids et l’obésité.

Si le fonds de prévention du Régime local a déjà soutenu près d’une centaine d’actions de prévention primaire et secondaire, pour un budget total de 7,3 millions d’euros, il s’est particulièrement engagé, ces dernières années, dans trois programmes concernant les médecins libéraux d’Alsace, les élèves scolarisés dans la région et la population générale de Moselle. Organisées par l’Union régionale des médecins libéraux d’Alsace, et cofinancées par le régime local, les « visites médicales de santé publique » visent à sensibiliser les médecins libéraux aux grands thèmes de santé publique et à mettre à leur disposition des outils pour les promouvoir auprès de leurs patients.

200 000 euros investis

Il s’agit notamment d’aider les médecins à aborder les problèmes de tabac, d’alcool et de surpoids avec leurs patients, mais aussi de les sensibiliser à des thèmes moins fréquents dans leur pratique, comme les maladies et les cancers professionnels. Les visites sont effectuées par du personnel de l’URMLA et, selon son président, le Dr Pierre-Paul Schlegel, sont d’autant plus appréciées des médecins que ce ne sont « ni les caisses, ni des entreprises commerciales qui les organisent ».

En outre, le Régime local s’est fortement engagé dans les programmes de lutte contre le surpoids en milieu scolaire, les jeunes Alsaciens étant particulièrement touchés par l’obésité, dont les conséquences, et notamment le diabète, constituent un problème majeur dans la région. Quelque 200 000 euros ont été investis pour sensibiliser les collégiens et les lycéens, mais aussi pour former les personnels des restaurants scolaires et les infirmiers scolaires aux règles d’une meilleure alimentation. Entre 2005 et 2012, l’apport moyen en sel dans les repas servis a ainsi baissé de 30 %, et celui de graisses de 20 %, tandis que l’apport de calcium a fortement progressé et que les fruits, autrefois déficitaires, sont maintenant systématiquement proposés. Les élèves ont appris aussi à composer des menus équilibrés, et à ne pas négliger leur petit-déjeuner.

Risque cardio-vasculaire

Enfin, les maladies cardiovasculaires étant surreprésentées dans le département de la Moselle, le régime local, en coopération avec le régime de sécurité sociale minier, a lancé un programme régional de réduction de ces risques, « je t’aime mon cœur ». Les médecins généralistes peuvent adresser leurs patients à risque cardio vasculaire, s’ils sont volontaires, vers une cellule éducative de proximité, qui va les « accompagner » pendant 6 mois pour les inciter à mieux adapter leurs comportements. Ils rencontreront des infirmiers, des psychologues et des diététiciennes, et pourront être orientés vers des réseaux de tabacologie. Les trois quarts des personnes ayant suivi ces programmes continuent six mois plus tard, à s’alimenter plus sainement, à mieux gérer leur stress et à pratiquer une activité physique, mais aussi à « gérer leur tabagisme » à défaut d’avoir arrêté.

Toutes ces actions sont mises au point avec l’ensemble des professionnels de santé concernés et, selon le président du régime local, Daniel Lorthiois, « commencent à faire évoluer les comportements, notamment en matière de surpoids ». Enfin, alors que le régime local se bat pour défendre sa spécificité face à l’introduction prochaine des mutuelles complémentaires pour tous les salariés français, il rappelle que ces actions de prévention « font partie des missions de l’assurance maladie »... sans être certains que tous les assureurs « commerciaux » soient aussi motivés que le régime local pour rendre ce type de service à la population.

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Médecin: 9367