Hépatite C : l'accessibilité des traitements saluée par les addictologues

Publié le 03/06/2016
hepc

hepc
Crédit photo : PHANIE

Pour les hépatologues et addictologues, c’est sans aucun doute l’actualité de l’année en termes de réduction des risques. Après l’annonce de la ministre de la Santé le 25 mai 2016, de faciliter l’accès aux traitements de l’hépatite C chez les patients vulnérables, l’ensemble des usagers de drogue pourraient bénéficier de ces molécules. En effet, le risque de contamination par le virus de l’hépatite C est majeur dans cette population, et ce dès les premiers mois de consommation, l’injection ou la prise de produits par voie nasale, associées à un partage de matériel entre consommateurs, favorisant la transmission de la maladie. Ces nouveaux traitements, ainsi que les dispositifs de réduction des risques existants (filtres, seringues à usage unique...), laissent espérer une disparition de la maladie d’ici 5 à 10 ans.

« Ces traitements permettent d’atteindre 90 % de guérison, ce qui signifie une amélioration de la survie des patients, et bien sûr, une diminution de l’incidence du carcinome hépatocellulaire (CHC) », confirme le Dr François Bailly, hépatologue aux Hospices Civils de Lyon (HCL).

La grande nouveauté est que les usagers de drogue pourront désormais bénéficier de ces traitements, indépendamment du degré de fibrose hépatique. Une décision salutaire pour le Dr Bailly qui souligne que désormais « il n’existe plus d’arguments pour ne pas traiter l’hépatite C chez les patients usagers de drogue ». Tant sur le plan économique qui prévalait jusqu’à présent, que sur le plan médical, ces traitements n’ayant que très peu d’effets indésirables.

Une porte d’entrée vers les soins addictologiques

Pour le Dr Bailly, « traiter l’hépatite C chez les usagers de drogue, c’est aussi un formidable outil de réduction des risques ». L’occasion de rappeler la nécessité du dépistage, « un temps propice pour agir sur l’hépatite C, mais également sur les addictions ». Les CSAPA (Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) sont déjà nombreux à développer les tests rapides d‘orientation diagnostique de l’hépatite C (TROD). Ces tests de dépistage permettent d’accélérer la prise en charge, dans une population le plus souvent précarisée et en rupture de soins.

Pour le Dr Bailly, la problématique ne sera donc bientôt plus l’accès aux traitements de l’hépatite C, mais la réflexion sur le parcours de soins de ces malades. « Il faut poursuivre le travail pour que, au-delà du traitement de l’hépatite C, les patients rentrent dans le soin addictologique ». Des études récentes démontrent par ailleurs une diminution de la consommation de produits chez les patients ayant été traités pour l’hépatite C.

Le rôle central du médecin généraliste

Selon le Dr Bailly, ces nouvelles mesures devraient permettre de lever les réserves qui subsistaient sur le dépistage. « Dorénavant, les médecins n’auront plus à annoncer aux patients que ceux-ci ne sont pas éligibles pour le traitement, car insuffisamment malades ! »

L’hépatologue rappelle le rôle central des médecins généralistes, souvent en première ligne face à ces patients. « Ils sont déjà nombreux à proposer le dépistage, mais ces nouvelles stratégies thérapeutiques ne peuvent que les encourager à poursuivre ». Éradiquer l’hépatite C ? Le Dr Bailly sourit : « Cela semble être un objectif de santé publique parfaitement accessible à moyen terme ».

Dr Étienne Pot

Source : lequotidiendumedecin.fr