Cancer pulmonaire

La fumée de tabac stimule les estrogènes

Publié le 03/06/2010
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LES TAUX de cancer pulmonaire s’accroissent de manière importante chez les femmes, fumeuses mais aussi non fumeuses. Des chercheurs ont trouvé des éléments explicatifs.

Margie Clapper et coll. ont travaillé sur un modèle de cancer pulmonaire induit par la fumée de tabac chez la souris. Ils observent que les éléments cancérigènes contenus dans la fumée de tabac modifient l’expression des gènes des souris femelles de manière particulière. Ils augmentent l’expression d’un ensemble de 10 gènes impliqués dans le métabolisme des estrogènes, après une exposition à la fumée de tabac pendant 3 à 20 semaines.

Un gène clef.

Le gène le plus affecté par la fumée est celui du cytochrome P450 1b1 (Cyp1b1), un gène clef dans le métabolisme des estrogènes, ayant aussi un rôle dans la destruction des toxines.

Cette notion est confirmée par l’analyse du réseau des gènes participant au métabolisme des estrogènes : ils sont altérés dans les poumons des souris exposées à la fumée de tabac, comparativement aux témoins.

« Nous avons trouvé un lien entre le cancer du poumon et les hormones via le gène du Cyp1b1, alors que nous ne le recherchions pas », observent les auteurs. « Des travaux antérieurs avaient suggéré que les estrogènes interviennent dans le cancer pulmonaire, mais personne jusqu’ici n’avait montré que le tabagisme peut accélérer le métabolisme des estrogènes à l’intérieur des poumons. » En se fondant sur ce résultat, les chercheurs émettent l’hypothèse que le métabolisme des estrogènes pourrait contribuer au cancer pulmonaire chez les femmes non fumeuses.

Les estrogènes jouent-ils un rôle dans la formation et la progression des cancers pulmonaires de la même manière que dans le cancer du sein ? La question est posée par Clapper et coll., d’autant qu’ils trouvent l’idée cohérente avec les résultats d’études ayant montré que le pronostic du cancer pulmonaire chez les femmes sous traitement hormonal substitutif est plus mauvais que chez celles n’ayant pas d’hormonothérapie, quels que soient leurs antécédents vis-à-vis du tabac.

Cancer Prevention Research, 1er juin 2010.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8782