La nicotine augmente la vulnérabilité au stress, selon des chercheurs français

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Publié le 25/07/2017
TABAC

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Crédit photo : PHANIE

Plutôt que de faire baisser le stress, comme le pensent généralement les fumeurs, la nicotine augmenterait l’impact de celui-ci. C’est ce que montre une étude chez la souris, parue dans « Molecular Psychiatry », menée par des chercheurs du CNRS, au laboratoire Neurosciences Paris-Seine et à l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire de Nice Sophia Antipolis.

Les chercheurs ont montré que bloquer les récepteurs nicotiniques des souris empêchait la mise en place de la réponse au stress, ce qui indique que les récepteurs nicotiniques sont impliqués dans les voies physiologiques du stress. Ils ont aussi prouvé que l’exposition à la nicotine, indépendamment des effets de manque, augmentait la sensibilité au stress.

« Nous avons utilisé un modèle de stress qui est le stress social », présente au « Quotidien » Philippe Faure, directeur de recherche au CNRS et co-auteur principal de l’étude avec Jacques Barik, maître de conférences à la faculté de Nice. « Quand les souris sont placées avec un congénère dominant, une hiérarchie se met en place et la souris dominée est défaite. La répétition de ces défaites provoque, au bout d’environ 10 jours, l’apparition de symptômes comportementaux de stress : les individus stressés évitent leurs congénères et montrent des signes d’anhédonie, caractérisés par le fait qu’ils sont moins attirés par l’eau sucrée. »

Mais quand ces souris sont exposées à un antagoniste pharmacologique (le MLA) des récepteurs nicotiniques alpha 7, elles ne montrent plus ce type d’évitement social. Ceci suggère que l’expression des symptômes de stress nécessite les récepteurs nicotiniques.

Une exacerbation des effets du stress aigu

« Réciproquement, on observe que les symptômes de stress sont présents dès le premier jour de défaite si les animaux ont consommé de la nicotine, ou si on active ce récepteur alpha 7 : la nicotine potentialise donc les effets du stress », poursuit Philippe Faure. « Il s’agit donc d’une boucle qui s’auto-entretient : on fume pour calmer les effets du stress, mais la nicotine aggrave au contraire ces effets… ce qui rend plus difficile encore l’arrêt du tabac. »

Mais les chercheurs doivent encore confirmer ces résultats chez l’homme. « Nous voulons maintenant préciser comment se font les interactions entre les récepteurs nicotiniques et le stress, mais aussi voir s’il existe des profils individuels différents et si certains favoriseraient la mise en place du stress en présence de nicotine », précise Philippe Faure.


Source : lequotidiendumedecin.fr