LA COMMISSION VI « Addictions » de l’Académie nationale de médecine a, dans un communiqué, affirmé son opposition au projet de création de salles d’injections supervisées pour toxicomanes en France. Certes,’Académie est « totalement consciente de la nécessité pour les toxicomanes de bénéficier, comme tous malades, d’une attention vigilante et de l’empathie de l’ensemble du corps médical ». C’est pourquoi, précise le Pr Roger Nordmann au nom de la commission, elle a étudié, « dès qu’elle en a eu connaissance, le projet de création de structures (réputées expérimentales) où, sous supervision médicale, des personnes malades de la drogue pourraient s’injecter ou se faire injecter des drogues qu’elles se seraient elles-mêmes procurées ».
Mais, estime l’Académie, la mise à disposition de telles salles « aurait pour effet de sortir, de facto, les drogues les plus détériorantes du statut illicite où elles sont actuellement » et de remettre ainsi en question « l’image répulsive » qu’il « convient de leur conserver pour éviter toute confusion dans la population dans son ensemble et, en particulier chez les jeunes ».
L’Académie rappelle également « qu’une démarche médicale ne peut consister à favoriser l’administration de la drogue qui a généré l’addiction » et qu’on ne peut demander à des médecins « de superviser ou même de se livrer à de telles intoxications médicalement assistées ». Enfin, elle souligne que les moyens mobilisés pour une telle initiative seraient bien mieux utilisés pour renforcer les actions de prévention et d’aide au sevrage.
La position de l’Académie, adoptée en séance le 11 janvier par 61 voix (12 contre et 6 abstentions) rejoint celle plusieurs fois exprimés par le Pr Jean Costentin et qu’il a rappelé dans « le Quotidien » du19octobre 2010.
La mission parlementaire (15 députés et 15 sénateurs) sur les toxicomanies, qui s’est constituée en décembre, devrait rendre en juin ses propositions, notamment sur ce sujet polémique des salles de shoot.
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