Majoration par la pilule et le tabac

L’anticooagulant lupique, un risque d’AVC et d’infarctus

Publié le 28/09/2009
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Crédit photo : S Toubon

LA THROMBOSE ARTÉRIELLE est habituellement associée à divers facteurs de risque cardio-vasculaires, notamment le tabagisme, l’HTA, le diabète, l’obésité, l’hyperlipidémie ou une histoire familiale de maladie cardio-vasculaire.

Le syndrome des antiphospholipides est un facteur de risque acquis de thrombose artérielle, qui prédomine chez les femmes. Il est caractérisé par des thromboses vasculaires ou des complications pendant la grossesse et par la présence d’anticorps antiphospholipides à plusieurs reprises. On distingue plusieurs sous-populations d’anticorps antiphospholipides ; les plus couramment recherchés sont l’anticoagulant lupique, les anticorps anticardiolipine, antibêta2 glycoprotéine I plasmatique et anticorps antiprothrombine plasmatique.

Étant donné l’absence de symptômes cliniques spécifiques, le syndrome des antiphospholipides dépend de la détection des anticorps antiphospholipides.

Plusieurs études ont tenté d’évaluer le risque de thrombose associé aux anticorps antiphospholipides dans la population générale ; il en a découlé un consensus : la présence d’anticorps antiphospholipides est associée à une augmentation du risque de thrombose artérielle ; toutefois, il existe toujours un débat sur l’intérêt de mesurer les concentrations des diverses sous-populations d’anticorps antiphospholipides dans la population générale. Ce qui a conduit des Néerlandais à conduire une nouvelle étude pour savoir si la présence de sous-populations d’anticorps antiphospholipides (anticoagulant lupique, anticardiolipine, antibêta2 glycoprotéine I et antiprothrombine) modifie le risque d’infarctus du myocarde ou d’AVC ischémique chez les jeunes femmes. Ils ont aussi étudié les effets additionnels du tabagisme, de l’hyperlipidémie, du diabète, de la contraception orale, du facteur V Leiden, des mutations G20210A de la prothrombine et de l’allèle 204Phe du facteur XIII.

Des femmes de 18 à 49 ans hospitalisées.

Ont été incluses dans la deuxième phase de l’étude RATIO (Risk of Arterial Thrombosis in Relation to Oral contraceptive) des femmes de 18 à 49 ans, qui avaient été admises à l’hôpital pour un premier infarctus du myocarde (203) ou pour un AVC ischémique (175) dans 16 centres entre janvier 1990 et octobre 1995. Ont également été enrôlées 628 femmes contrôles.

Résultats : l’anticoagulant lupique a été découvert chez 30 (17 %) des sujets avec AVC ischémique, 6 (3 %) des sujets avec un infarctus du myocarde et 4 (0,7 %) des femmes contrôles. L’odds ratio pour l’infarctus du myocarde était de 5,3, avec une augmentation à 21,6 chez les utilisatrices d’une contraception orale et à 33,7 chez les fumeuses. L’odds ratio pour l’AVC ischémique était de 43,1, avec une majoration à 201 pour les utilisatrices d’une contraception orale et à 87 chez les fumeuses.

Pour les trois autres sous-populations d’anticorps :

- l’antibêta2 glycoprotéine et associé à un risque d’AVC ischémique de 2,3 mais pas avec un risque d’infarctus ;

- l’anticardiolipine et l’antiprothrombine n’étaient associées ni à un risque d’AVC ni à un risque d’infarctus du myocarde.

Informer les jeunes femmes.

Deux éditorialistes signalent que ces résultats contrastent avec ceux de Brey et coll. (« Stroke », 2002) qui avaient retrouvé une modeste augmentation (x 2) du risque d’AVC avec l’anticoagulant lupique. Ils évoquent des biais méthodologiques. En attendant, ils estiment que cette nouvelle étude doit conduire à informer les jeunes femmes présentant des anticorps antiphospholipides des risques liés au tabagisme et à la contraception orale.

Rolf Urbanus et coll. The Lancet Neurology, publication en ligne du 28 septembre 2009.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : lequotidiendumedecin.fr