Au congrès de l’American Heart Association

Le surmenage brise le cœur des femmes

Publié le 16/11/2010
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INFARCTUS du myocarde, angioplastie : malgré leurs hormones protectrices, les femmes ne sont plus à l’abri. Rançon imméritée de l’accès au travail des femmes, le phénomène a été observé chez celles qui occupent un poste stressant. Loin d’une simple « prédisposition », l’effet est bien réel puisque le risque serait augmenté de près de 40 %, selon l’équipe du Dr Michelle Albert à Boston.

Attention, il n’est pas question ici des femmes politiques, avocates, traders ou encore chefs d’entreprise. Le phénomène a déjà été mis en évidence dans les deux sexes pour des postes de décisionnaire, dits « à responsabilités ». Non, dans cette étude menée à partir des données des 17 415 femmes de la Women’s Heath Study, les chercheurs ont défini le stress professionnel comme étant un emploi exigeant soumis à de multiples pressions, sans pouvoir décisionnel ni libertés d’action ou de création. La plupart d’entre elles étaient des professionnelles de santé, âgées en moyenne de 57 ans. « Le stress au travail entraîne des effets à la fois à court et à long termes chez les femmes, explique le Dr Michelle Albert, premier auteur et médecin au Brigham and Women’s Hospital de Boston. Le boulot influe sur la santé, positivement ou négativement, d’où l’importance d’y prêter attention pour se maintenir en bonne forme. »

Au cours d’un suivi de plus de 10 ans, les femmes « sous pression » étaient ainsi davantage victimes d’infarctus du myocarde, de pontages aorto-coronariens, d’angioplasties avec stents voire de décès. Le risque d’infarctus du myocarde était augmenté de 88 %, celui de revascularisation chirurgicale d’environ 43 %. Quant à la peur de perdre son emploi, elle est associée à des facteurs de risque cardio-vasculaires comme l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et la surcharge pondérale.

Trois verres pour les pontés

De là à leur conseiller un petit verre d’alcool, il y a de la marge mais c’est un peu l’idée défendue par une équipe romaine. Selon l’équipe du Dr Umberto Benedetto, une consommation modérée d’alcool par jour aurait un effet protecteur chez les patients ayant eu un pontage aorto-coronarien. Trois verres d’alcool (soit 10 g/unité) entraîneraient une diminution de 25 % des interventions à visée cardio-vasculaire, des infarctus du myocarde, des accidents vasculaires cérébraux et de la mortalité par rapport aux non-buveurs.

Un bémol cependant pour les patients pontés ayant une dysfonction du ventricule gauche. Chez les grands buveurs, c’est-à-dire consommant plus de 6 verres par jour, la mortalité cardio-vasculaire était multipliée par 2, par rapport aux non-buveurs.

« Si les bénéfices d’une consommation modérée avaient déjà été montrés chez des individus sains, nos résultats le mettent en évidence chez des patients pontés, explique le Dr Benedetto. L’American Heart Association s’est prononcée à ce sujet et ne recommande pas aux non-buveurs de " se mettre à l’alcool " ». En revanche, pour les buveurs réguliers, la société savante conseille aux femmes de se limiter à un verre par jour et aux hommes à trois.

La troponine T, un marqueur prédictif

Une étude à paraître dans le « JAMA »* vient d’être présentée en avance à l’occasion du Congrès. Mesurés à l’aide d’un nouveau test hautement sensible, les taux de troponine T et ses variations dans le temps pourraient être prédictifs d’insuffisance cardiaque et de mortalité cardio-vasculaire chez les sujets âgés. Ce sont les résultats obtenus après un suivi de près de 12 ans chez 1 279 sujets âgés de plus de 65 ans. Le test a détecté des taux circulants de troponine T chez quasiment tous les patients insuffisants cardiaques ou ayant une cardiopathie ischémique. Une augmentation des taux ≥ 50 % était associée à une augmentation du risque d’infarctus du myocarde et de la mortalité cardio-vasculaire. L’inverse, c’est-à-dire une diminution des risques, était aussi vrai pour une diminution de ≥ 50 %. Les variations de la troponine T étaient fréquentes parmi les participants et reflétaient un changement de leur niveau de risque au fil du temps.

Congrès 2010 de l’American Heart Associations.

*JAMA.2010;304(22):doi:10.10001/jama.2010.1708

Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8856