Congrès de l’American Thoracic Society

Le tabagisme maternel modifie l’ADN fœtal

Publié le 19/05/2011
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LES ENFANTS dont la mère a fumé pendant leur période de gestation, présentent un risque accru d’asthme au cours de l’enfance. On le sait. Jusqu’ici le mécanisme sous-jacent n’était pas bien compris. Une nouvelle étude fait découvrir des changements à l’échelon moléculaire : le tabagisme de l’entourage de l’enfant entraînerait une altération de la méthylation de l’ADN qui se produirait avant la naissance. Ce qui pourrait représenter l’explication attendue.

La méthylation de l’ADN est un processus qui peut altérer la fonction normale d’un gène. Les gènes ainsi modifiés peuvent être transmis de parents à enfants. Les chercheurs se sont intéressés au gène AXL, dont on connaît le rôle dans la réponse immunitaire et dans de nombreux cancers.

Chez les enfants exposés à un tabagisme maternel in utero, ils observent une augmentation de 2,3 % de la méthylation de l’ADN du gène AXL. Carrie Breton (University of South Medicine, Los Angeles) a mis en place un travail utilisant un questionnaire. Celui-ci a été envoyé à des mères et à des grands-mères de 173 enfants participants de l’étude « Early Risk Factors Study ». Les habitudes vis-à-vis du tabac pendant la grossesse ont été évaluées. Des échantillons d’ADN ont été collectés sur la muqueuse des joues des enfants et de leurs mères.

Modification de la méthylation d’AXL.

Le Dr Breton et son équipe ont trouvé une association entre la méthylation du gène AXL et l’exposition au tabagisme maternel. Cela se révèle vrai pour ce qui concerne les mères, avec un rapport significatif, mais non pour les grands-mères fumeuses. Le tabagisme chez ces dernières n’est pas associé à une modification de la méthylation d’AXL, ni chez leur fille, ni chez leur petit-enfant.

Enfin, les chercheurs trouvent que l’association entre la méthylation de l’ADN sur le gène AXL et l’exposition in utero au tabagisme maternel est plus forte chez les filles que chez les garçons.

« Les résultats de notre étude indiquent la nécessité d’une recherche de la compréhension des effets environnementaux capables d’entraîner des changements épigénétiques, ces changements des fonctions ou de l’expression de gènes qui surviennent en résultat de mécanismes génétiques, et notamment au moment du développement précoce. » Les modifications épigénétique survenant lors de la vie in utero demeurent un champ à explorer où les recherches sont encore rares, soulignent les auteurs.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8966