C’est maintenant démontré : les individus qui ont été exposés au tabagisme prénatal présentent certaines modifications des aires cérébrales compatibles avec les symptômes du TDAH notamment sur le contrôle de l’inhibition.
Pour parvenir à cette conclusion, Nathalie Holz de l’université de la faculté de médecine de Mannheim/Heidelberg en Allemagne, et ses collègues, se sont livrés à une étude bénéficiant d’un recul de 25 ans, et d’un design pour le moins complet sur 178 jeunes adultes, dont 73 hommes issus de la cohorte de l’étude Mannheim sur les enfants à risque. Ils ont été répartis en trois groupes, une majorité d’entre eux n’avaient pas du tout été exposés au tabagisme in utero et constituaient le pemier groupe. Les 14 patients du deuxième groupe avaient une mère qui fumait 1 à 5 cigarettes par jour au cours de la grossesse, tandis que celles des 24 derniers patients, rassemblées au sein du troisième groupe, fumaient plus de 5 cigarettes par jours au cours de la grossesse.
Des mesures tous azimuts
L’ensemble des patients a passé une IRM à l’âge de 25 ans, pendant que les chercheurs testaient leurs capacités de concentratrion en les soumettant à une tâche d’Eriksen : trois lettres apparaissaient sur un écran devant les jeunes adultes qui devaient identifier celle du centre, les deux autres n’étant là que pour distraire l’attention. Les capacités d’inhibition étaient également évaluées lors de l’examen par le biais de tâches de type Go-NoGo, au cours desquelles les patients devaient indiquer si on leur présentait une flèche pointant à droite ou à gauche, mais qui devaient se retenir de répondre si la flèche était encadrée par deux croix. Une morphométrie était réalisée pour mesurer les volumes cérébraux des descendants. Tous ces résultats étaient couplés avec ceux d’un questionnaire régulièrement rempli par les parents lors de l’enfance dont le but était de détecter les symptômes classiques du TDAH.
Quand l’attention dépend de l’inhibition
Les auteurs ont observé que les patients dont les mères fumaient plus de 5 cig./j avaient une activité plus faible du cortex cingulaire antérieur, des gyrus cingulaires frontaux inférieurs droits et gauches et du gyrus supramarginal. Les mêmes patients présentaient en outre un volume diminué du gyrus frontal inférieur droit. « Des recherches précédentes ont suggéré que le TDAH était lié à un déficit de l’inhibition, et à une hypoactivité des aires cérébrales du cortex préfrontal impliqué dans l’inhibition comportementale », expliquent les auteurs dans leur publication. Ce sont justement ces aires dont l’activité était réduite chez les patients exposés au tabagisme prénatal. Ils précisent en outre que le niveau d’activité aires cérébrales était statistiquement inversement proportionnel au nombre moyen de symptômes du TDAH repérés chez les patients, confirmant ainsi les données plus anciennes.
Natlhaie Hols et al, Effect of Prenatal Exposure to Tobacco Smoke on Inhibitory Control : Neuroimaging results from a 25-Year Prospective study, JAMA Psychiatry, publication en ligne du 14 mai 2014
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points